Pendant presque un mois, le phénomène de la migration sera au cœur des débats au Sénégal à travers le Festival mondial du film sur cette question cruciale.
L’édition 2021 du Festival international du film sur la migration est lancée à Dakar (Sénégal), vendredi dernier. Comme dans 12 autres pays des zones Ouest et Centre du continent africain (Gambie, Cameroun, Tchad, Liberia, Nigeria, Burkina Faso, République Centrafricaine, Guinée, Côte d’Ivoire, Sierra Leone, Ghana, Mali), et la clôture aura lieu le 18 décembre prochain. C’est la particularité de ce 6e rendez-vous de la création cinématographique « qui évoque les perspectives et les défis de l’un des plus grands phénomènes de notre ère ».
Cet évènement, organisé par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), présente des films et des documentaires avec des échanges constructifs, des conversations engageantes sur le sujet. En ouverture, il y avait « La forêt de Djibril » des réalisateurs burkinabè Kristoff Leue et Saydou Kalaga. Les projections qui seront suivies de débat auront lieu dans les régions de Dakar (Yarakh, Thiaroye sur mer) Thiès (26 au 28 novembre), Tambacounda (3 au 5 décembre) et Ziguinchor (10 au 12 décembre).
Selon Amanda Nero, membre du comité d’organisation, « ce Festival est une avenue créative et innovante qui permet de normaliser les discussions sur la migration et des questions similaires par le biais de la narration. Les films peuvent informer, inspirer, transformer et promouvoir l’inclusion. En plus de mobiliser des publics mondiaux ». Sur les 160 œuvres reçues à travers le monde, une vingtaine sont retenues pour la compétition officielle et seront projetées dans les universités, les écoles, les salles de cinéma, en plein air et dans les villages.
Le drapeau du Sénégal est porté par le film d’animation « La quête, voyage au bout du réel » de Marie Ndiaye, le documentaire « La maison bleue » de Hamedine Kane ainsi que le court métrage « Sous mes pieds » d’Aïssata Ndiaye. Pour le critique Magaye Kassé, « le cinéma doit donner à voir la complexité de la question migratoire. Il a ce rôle didactique d’expliquer aux gens ce qu’ils ne voient pas tous les jours. De soulever un certain nombre de questions importantes à partir desquelles les gens réfléchissent ».
Avant de poursuivre : « Quand on est européen, on ne voit les migrants que comme des envahisseurs. Alors que dans le film de Sylvestre Amousso « Un pas en avant, deux pas en arrière », cela existe dans le sens inverse (…) C’est vrai qu’on ne peut être d’accord avec la migration sous n’importe quelle forme : des bateaux qui échouent, des enfants qui meurent, des femmes enceintes embarquées, mais ne pas oublier que le monde a fonctionné par des migrations successives. Il faut donc que le film montre la réalité contradictoire ».
Le jury court métrage est présidé par le professeur et historien Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Pour qui, « la création suppose l’audace dans la transgression, mais aussi c’est des risques parce que nous sommes des sociétés très « castratives ». En conséquence, celui qui pense autrement est souvent mal perçu ». Et le jury long métrage a à sa tête la réalisatrice nigérienne Rahmatou.