Absent de la scène musicale sénégalaise depuis 2001, le Groupe Misaal s’est reconstitué pour reconquérir sa place sur l’échiquier. Avec un objectif de contribuer au développement du pays à travers un projet culturel et social.
Le Groupe Misaal de la Patte d’Oie a lancé son nouveau single « No stress », vendredi. Un des titres du prochain album dont la sortie est prévue avant la fin du mois de décembre, et qui officialise les retrouvailles après la séparation pendant une vingtaine d’années. En effet la bande, composée de Samba Laobé Ndiaye, Racine Ly, Ousmane Wade, Omar Ba « Toch », Weuz Kaly, Tenka Cissé, Papis Diong, a décidé de se remettre ensemble. Comme quand ils croquaient la musique à pleines dents, en marquant la scène artistique au Sénégal et en Europe. Avec un répertoire de grande qualité.
Mieux, la remobilisation est faite dans le cadre d’une visée socio-culturelle dénommée « Fa Project ». Selon le bassiste Samba Laobé, « il s’agit de continuer le travail qu’on avait commencé avec une autre vision sur les plans musical, économique et de l’organisation. Nous voulons mettre en place une structure qui va permettre de créer des emplois. Cela est notre priorité, c’est-à-dire contribuer au développement du Sénégal. Nous tenons à partager notre expérience avec les jeunes, à travers une initiative qui restera à jamais ».
Sur l’estrade, les mélomanes sénégalais ont (re)découvert un Groupe Misaal avec plus de maturité, l’expérience et le vécu de ses membres. Cela apporte une nouvelle touche dans l’expression de leur musique (afro-fusion ou afro-mbalax). « On est revenu, rien a changé par rapport à la configuration de l’orchestre. Sauf qu’on améliore les choses », disait « Toch » dans l’émission « Invité d’honneur » sur la TFM. Samba Laobé de renchérir : « On a beaucoup travaillé, on s’est enrichi (…) Le test majeur, c’était lors du premier concert au festival de Jazz Saint-Louis. Il était déterminant pour le moral du groupe. Ça avait un impact sur la suite du projet ».
Ce dernier, évoquant la rupture, avoue que « ça avait fait mal à tout le monde ». Avant de souligner : « Heureusement qu’on s’est retrouvé et discuté pour la reconstitution du groupe. Ça s’est fait naturellement. Il ne servait à rien de forcer les choses. C’était difficile, mais on a été patient. On savait qu’il y a quelque chose de fort qui nous liait et qui va au-delà de la musique. Quand on a parlé de retrouvailles, chacun était ravi de l’idée ». La plupart des musiciens, basés entre les États-Unis et l’Europe, ont ainsi accepté de consacrer du temps au projet Misaal. En s’installant à Dakar depuis un an pour des enregistrements et des lives.
Pour Omar « Toch » (un des lead vocal), la saturation et les frustrations ont été les principales causes de la séparation. « On a fait plus de quinze ans (1987-2001). Notre quotidien, c’était résumé entre les avions, les hôtels, les concerts. En plus la vie t’impose des choses face auxquelles, on doit faire un choix. On était devenu des chefs de famille, les réalités ont changé, on avait d’autres priorités. D’un commun accord, on a discuté et décidé d’arrêter. Mais le plus important, c’est que le Misaal est resté. La preuve, on était tout le temps en communication ».
En effet, c’est au début des années 2000 que Weuz Kaly et compagnie, des amis d’enfance qui partageaient la même passion de la musique, avaient choisi de mettre un terme à leur belle aventure. Une carrière couronnée de succès obtenus à force de persévérance. « On est parti de rien, mais il y avait la conviction. On s’est battu. Il fut une période où on n’avait pas de matériels, n’empêche on venait au lieu de répétitions à l’heure habituelle », se rappelle Samba Laobé Ndiaye. Jusqu’à ce premier voyage en 1995 pour le Festival Printemps de Bourges (France). « On ne s’y attendait pas », dit « Toch ».
Il s’en est suit une invitation d’un promoteur à Paris où le Misaal avait fini par faire sa base. C’est là qu’il prend son envol. « On enchaîne les tournées un peu partout en Europe. On a gagné beaucoup d’argent », confient-ils. Le premier album « Leer » est enregistré dans l’Hexagone en 1996. Une autoproduction. Comme pour le deuxième « Salaane » sorti deux ans plus tard (1998). Depuis, plus rien. Mais le public est resté fidèle. Surtout la population du quartier Patte d’Oie, qui a vu naître et grandir les membres du Misaal. « Elle est toujours supporter du groupe, il y a un lien fort. Cela fait chaud au cœur », se réjouit Omar Ba « Toch ».
Avant d’ajouter : « On est en fusion avec les habitants de la cité. Ils nous ont vu dans toutes les situations (heureuses comme malheureuses). On fait aussi leur fierté, parce qu’étant des exemples de réussite ». Et Samba Laobé de dire : « Nous allons tout mettre en œuvre pour que ce qu’on a commencé puisse continuer ». Une certitude, d’autant plus que le Groupe Misaal vient de contracter avec le label Universal Music Africa (UMA), implanté à Abidjan en Côte d’Ivoire.