Originaire de Tambacounda au Sénégal, le docteur Moustapha Kamara qui est avocat mandataire sportif en France est une figure respectée de la diaspora sénégalaise en France. Lauréat du Grand Prix de l’UCPF pour la meilleure contribution universitaire en droit du sport en France pour l’année 2008, il a publié et co-publié une dizaine de livres en droit du sport. Son dernier livre en date « LES REFORMES DU FOOTBALL AU SENEGAL » sortira début septembre 2021… diantbi.com vous propose de découvrir cette figure de la diaspora…
diantbi.com : Monsieur Moustapha Kamara, vous êtes Docteur en droit et titulaire d’un MBA de management à Neoma Business School, pouvez-vous nous retracer votre parcours académique…
Moustapha Kamara : Je suis originaire de Tambacounda au Sénégal où j’ai effectué toutes mes études de l’école primaire jusqu’au BAC que j’avais obtenu avec Mention. Je suis venu après en France à Reims où j’ai suivi des études de DROIT de la première année au Doctorat de droit privé avec comme spécialité droit du sport. J’ai fait et soutenu une thèse de droit du sport grâce à la Bourse Havelange de la FIFA pendant 5 années.
J’ai fait aussi deux années à NEOMA BUSINESS SCHOOL avec le programme MBA. J’ai ensuite fait deux années à l’école de formation de s avocats de Paris. J’ai suivi une formation d’ARBITRE au centre de médiation et d’arbitrage près de la CCI de Paris. Je suis Professeur de droit du sport à l’école des agents de football de paris et à l’institut EDGE de Dakar.
Je suis aussi avocat mandataire sportif. Je suis Lauréat du Grand Prix de l’UCPF pour la meilleure contribution universitaire en droit du sport en France pour l’année 2008. J’ai publié et co-publié une dizaine de livres en droit du sport. Mon dernier livre « LES REFORMES DU FOOTBALL AU SENEGAL » sortira début septembre 2021.
Comment appréciez la communauté sénégalaise en France…
Je vis en France depuis bientôt 30 années. Je connais la communauté par mon vécu, mon expérience d’avocat. Elle connaît des problèmes comme toute la population mais elle est courageuse, digne, travailleuse et très attachée à son pays d’origine ; le Sénégal. Le seul conseil que je peux donner si vous me le permettez, est que la communauté doit investir davantage sur l’éducation des enfants. Ils sont en France et de grandes opportunités en la matière s’offrent à eux et il faut donc en profiter en suivant davantage les enfants dans leur scolarité. C’est la seule voie pour s’en sortir. L’éducation, encore l’éducation et toujours l’éducation.
Vous êtes auteur d’une thèse de doctorat d’État en droit privé et sciences criminelles soutenue sur le sujet « Les opérations de transfert des footballeurs professionnels », comment appréciez vous la valeur marchande des joueurs sénégalais actuellement…
Les footballeurs sénégalais n’ont jamais été aussi bien côtés sur le marché des transferts. Mais il ne sert à rien d’avoir une valeur marchande si les académies qui les forment, les éducateurs, les agents de joueurs sénégalais, la fédération et l’Etat qui dépensent beaucoup d’argent lors des compétitions internationales ne gagnent pas dans ces transactions.
J’ai toujours dit et c’est l’évidence, le joueur se fait lui-même. L’agent ne fait jamais le joueur. Que les joueurs sénégalais aient encore plus de confiance aux agents sénégalais. C’est la seule voie pour le développement de notre football. La réussite d’un seul joueur ou des seuls joueurs sans celle des autres acteurs du football sénégalais, est un échec.
La réussite est toujours collective. C’est pourquoi je conseille aux agents de joueurs sénégalais à s’organiser en syndicat pour partager leur expérience et faire des affaires ensemble au lieu de vouloir travailler seul dans leur coin.
Toutes les grandes agences de joueurs sont des fusions de plusieurs sociétés d’agents. Face à ces géants avec des moyens illimités, il nous faut nous organiser, nous unir, se soutenir, s’associer sur de gros deals pour les sécuriser.
Comment appréhendez vous la valeur marchande décroissante des joueurs comme Messi et Cristiano Ronaldo qui sont en fin de carrière ?
La valeur du joueur dépend de plusieurs éléments que j’avais bien expliqués dans ma thèse de doctorat sur les transferts de footballeurs professionnels, qui est la première thèse juridique en la matière.
Il y’a l’âge du joueur, sa position sur le terrain, son capital image etc etc. Plus on avance en âge plus la valeur du joueur diminue. A valeur sportive égale, le joueur le plus jeune est forcément le plus cher. C’est pourquoi, MBAPPE a une valeur marchande plus importante que MESSI, ou MANE.
Vous aviez émis onze (11) idées pour un football sénégalais émergent (FSE), comment analysez-vous la crise qui secoue aujourd’hui le football sénégalais avec la controversée 4éme candidature de Me Augustin Senghor à la tête de la Fédération Sénégalaise de Football
Tout d’abord, le football sénégalais ne traverse pas une crise. Ce n’est pas qu’il y’a des élections à venir qu’il y a crise. Les élections fédérales existent partout. En France il y a un mois, LE GRAET a été traité de tous les noms d’oiseaux.
Ensuite, la candidature Président AUGUSTIN n’est pas controversée par ce qu’il a un bilan négatif. Son bilan est plutôt positif. Il lui manque juste la cêrise sur le gâteau c’est-à-dire la CAN. Mais quel président de la fédération sénégalaise de football a déjà gagné la CAN ? Personne !
Il est vrai que de nos jours, les gens prennent beaucoup au sérieux la parole donnée. Il avait dit qu’il ne se présentait pas à un 4e mandat dans un contexte particulier où il pensait être élu Président de la CAF. Mais l’intervention de la FIFA et des Etats africains a tout fait capoter à sa grande déception.
Il se retrouve aujourd’hui vice président c’est-à-dire à la porte de la présidence de la CAF, la question est de savoir est ce qu’il faut le fragiliser ou renforcer sa position ?
Moi je pense sincèrement qu’il faut le renforcer d’où le sens du consensus. Faut il soutenir un compatriote jusqu’aux portes de Graal et ensuite, se désolidariser ?
Dépassionnons le débat et allons aux élections à défaut de consensus dont je suis un fervent supporter. Nous n’avons pas besoin de division alors que la fédération avance lentement mais sûrement.
Etre président de la fédération c’est aussi représenter le SENEGAL à la CAF, à la FIFA dans les commissions. Il faut du niveau universitaire et du vécu. Je connais beaucoup de présidents de fédérations nationales qui ne sont dans aucune commission au niveau international, faute de parcours universitaire).
Si MOTSEPE est élu à la CAF ce n’est pas certainement pour son expérience mais son parcours universitaire en étant avocat d’affaires. INFANTINO est aussi avocat de formation.
L’implication manifeste du nouveau ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Abdoulaye Sow dans la campagne une 4éme candidature de Me Augustin Senghor à la tête de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) apparaît comme un « conflit d’intérêt », voire une « ingérence politique » dans le processus de renouvellement des instances de la FSF .» Qu’en pensez-vous ?
Abdoulaye SOW était dans la fédération avant d’être Ministre de la République. Abdoulaye SOW s’est toujours investi dans le football. Pourquoi voulez vous qu’il quitte toutes ses fonctions liées au football, qui au demeurant bénévoles, tout simplement parce qu’il est nommé récemment ministre.
Il ne faut pas voir du conflit d’intérêt partout. Au contraire, je pense le fait qu’il soit proche du chef de l’Etat peut faire avancer plus vite les choses et régler pas mal de problèmes.
J’invite les compatriotes à regarder la moitié pleine des verres. Unissons nous, arrêtons les débats stériles, les invectives et travaillons ensemble la main dans la main pour développer notre football.
Quelles solutions préconisez-vous pour une meilleure gestion du football sénégalais ?
Je sors un livre fin août prochain. Le livre s’appelle : LES REFORMES DU FOOTBALL AU SENEGAL, aux éditions L’Harmattan SENEGAL, sortie fin août 2021.
Je fais un état des lieux des réformes depuis 1920 jusqu’à la mise en place du football professionnel en 2009 en passant par la réforme Lamine Diack. Ensuite, je pose les différents problèmes et propose enfin des solutions sur la Gouvernance, sur les textes, sur la formation, l’aspect commercial et marketing, etc…..
[…] Interview : Sans détours avec le Docteur en droit du sport… […]
Bravo Monsieur Kamara pour votre brillant parcours. Bravo au site Diant Bi de montrer des Sénégalais compétents et respectés pour leur professionnalisme.
Par contre, je ne partage pas son analyse sur le bilan d’Augustin Senghor. Un président de la fédération de football qui, malgré la première place du Sénégal dans le classement des pays africains, n’a pas pu doter le pays d’un seul stade homologué par les instances internationales !!
Quand on sait que ce classement s’accompagne de dividendes conséquentes. Qu’en a fait la FSF ?
Si tous les stades sont en cours de réhabilitation, c’est parce qu’il y a un problème de managemt et donc de planification.