Secoué par l’affaire Kilifeu, le mouvement citoyen Yen à Marre vit des heures difficiles que cette polémique est venue mettre à nues.
Par Ousseynou Diallo (journaliste à diantbi.com)
« Pour mettre mes camarades à l’aise, je suspends mes activités en ce qui concerne le mouvement. J’ai juste besoin de dire les choses telles qu’elles sont. L’heure est grave ». Tels sont les propos de Landing Mbessane Seck, alias Kilifeu, membre influent de Yen à Marre, au détour de sa vidéo-réponse à l’attaque dont il fait l’objet pour trafic de visas.
Filmé à son insu en train de discuter avec un ami d’enfance au sujet d’une transaction portant sur des visas Schengen, le rappeur du groupe Keur Gui a apporté ses vérités à lui avant de se mettre en retrait du mouvement Yen à Marre. Est-ce de son propre chef ?
De sources sûres, Diant Bi est en mesure de confirmer que Kilifeu a été poussé à se mettre momentanément en marge de Yen à Marre, par les autres membres influents du mouvement contestataire, dont le coordonateur national du mouvement, Aliou Sané. La stratégie de Yen à Marre est claire : éviter un quelconque amalgame entre les activités professionnelles de Kilifeu et ses charges au sein du mouvement. « On n’a pas besoin d’une telle publicité en ce moment », maugrée-t-on chez les compagnons de Fou malade qui tentent de se maintenir à flots depuis le départ de leur ex-coordonateur, Fadel Barro.
Dans sa défense, l’acolyte de Thiat a servi à l’opinion publique une ligne recevable : il était plus question d’une transaction autour d’une vente de voitures que de trafic de visas. Ces vérités suffiront-elles à éteindre l’incendie et à sauvegarder la maison Yen à Marre souvent attaquée sur la source de ses financements ? « Cette affaire nous fragilise même si Kilifeu dit vrai et qu’il a été piégé sur cette vidéo », souffle un membre du mouvement.
Très secoué par cette polémique, qui ne vient pas à son heure, Yen à Marre a très mal vécu le coup dès les premières heures de cette affaire publiée par Leral.net. Aux premières minutes, les téléphones ont chauffé entre les membres du «noyau dur » du mouvement. Entre ceux qui en voulaient à Kilifeu, pour son imprudence, et les autres de la ligne dure qui ont toujours cru en sa bonne foi, la tension était palpable.
Preuve de ses distances actuelles avec Yen à Marre, suite à cette affaire, Kilifeu va engager une bataille judiciaire contre le site Leral où il ira seul sans le compagnonnage officiel du mouvement. « Ce site va me dire qui j’ai escroqué, et je pense que la priorité est autre par rapport à ce qui se passe dans ce pays. Mes avocats sont sur le dossier. Je ne sais pas ce qui les motive et ce qui est derrière, on ne se laissera pas divertir ».
Pour le moment, Yen à Marre se retrouve fragiliser par cette affaire, concernant un de ses membres parmi les plus influents, que ne manqueront pas d’exploiter ses pourfendeurs. S’en relèvera-t-il ?