C’est irréversiblement la fin d’une époque. Celle de l’histoire politico-militaire contemporaine du Tchad avec des chefs d’État-chefs de guerre arrivés au pouvoir par les armes et déchus avec beaucoup de larmes. Décédé ce mardi 24 août à Dakar, Hissène Habré emporte avec lui moult interrogations sur ses responsabilités dans le chaos post-indépendance de son pays. Disparu tragiquement en avril dernier, son tombeur et successeur, Idriss Déby Itno, incarnait l’anti-Habré dans la forme. Dans le fond, Habré comme Déby ont symbolisé jusqu’à la caricature cette mercenarisation de l’Afrique piégée par des rebelles reconvertis en civils sanguinaires avec le Sahel comme fond d’écran.
Habré est mort comme il a vécu : dans la pression. Officiellement décédé des suites d’une contamination à la Covid-19, sur un lit d’hôpital, l’ancien dictateur tchadien aurait choisi disparition plus guerrière. Ou tragique. Du fond de sa cellule dakaroise de la prison du Cap Manuel, les échos de ses contestations avaient valeur de rébellion. Sinon, comment comprendre ses pressions sous formes de messages politiques relayées par sa veuve, la très influente Fatimé Raymonde Habré ? Cette dernière étant la parfaite alter-égo de son mari. Elle qui n’est ni Marième Faye Sall, ni Chantal Biya, a une conscience politique qui a tout le temps pesé sur les régimes socialiste et libéral du Sénégal. C’était ça aussi le clan Habré : une capacité de résistance au dessus de la moyenne.
Habré et Déby se retrouveront-ils au « paradis » ? Eux qui ont vécu l’enfer sur terre (Habré déchu et condamné suite à son procès ; Déby assassiné), après avoir dominé le Tchad d’une main de fer, pourront pinailler là haut sur leurs contradictions et autres différends. Ces deux chefs militaires portent en eux les stigmates d’une Afrique ancienne, poussiéreuse, belliqueuse, incertaine, désacralisée et rétrograde. L’un, Habré, a commencé ce que l’autre, Déby, a poursuivi : une dictature sous influence occidentale. Parmi les pays les plus pauvres au monde, le Tchad devra un jour ses poser les bonnes questions. Et faire le procès, loin de Dakar et d’une certaine justice africaine, des années Habré et Déby.
Condamné à perpétuité en mai 2016 à Dakar par les Chambres africaines extraordinaires et reconnu coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement, Hisséne Habré survivra-t-il aux poubelles de l’Histoire ? Ayant rendu son dernier souffle dans un hélicoptère le ramenant à Ndjamena en avril dernier, après avoir été victime de tirs d’armes lourdes dans le désert tchadien, Idriss Déby aura cependant eu plus de chance que son prédécesseur à la tête du Tchad : son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, s’est installé depuis au pouvoir. Est-ce un gage de postérité ? Habré, depuis sa tombe, ne s’embarrassera pas d’un tel héritage. A moins que sa veuve ne continue le combat….
Quoi qu’on dise Habré a eu pu en son temps défendre l’intégrité du territoire tchadien contre les intentions expansionnistes du colonel Khadafi
Quant à choisir entre lui et Deby c’est comme choisir entre la peste et le choléra.
Ils sont disparus tous les deux à des mois d’intervalle et laissent leur pays plus que meurtri par la guerre et la division avec une continuité de la dictature parrainée par la France . Guerre inutile, morts inutiles et surtout mauvaise réputation dans l’histoire du Tchad et du monde
Habré et Deby incarnaient la dictature dans toutes ses formes. Dommage pour nos pauvres peuple africains.