Plus tacticien que stratège, cet ancien apparatchik (décédé ce mardi) rêvait d’un socialisme à visage humain. S’obstinant à réformer l’Union au mépris des nations, il s’est éloigné des aspirations des peuples qu’il avait éveillées.
Mikhaïl Gorbatchev aura été le bon champion de deux mauvaises causes : « la survie du communisme et le maintien de l’Union soviétique ». Cette formule lapidaire d’un intellectuel moscovite résume toute l’histoire… Celle d’un réformateur exceptionnel, dont la faiblesse fut d’être « le dernier des Soviétiques ». Passionnément, viscéralement.
Cette donnée irréductible a si profondément modelé la vision du monde de Mikhaïl Gorbatchev qu’elle a fini par l’abattre. Lui qui avait toujours su anticiper les réactions de ses adversaires politiques du parti n’a pas vu venir le cyclone des renaissances nationales. Il s’est obstiné à réformer l’Union au mépris des nations.
Certains parleront de faute, voire d’aveuglement politique. Mais Gorbatchev avait-il les moyens de ne pas être aveugle? Gorbatchev pouvait-il renier Gorbatchev ? « Nous ne pouvons nous séparer, camarades, s’écriait-il en décembre 1990 devant un congrès d’écrivains. C’est écrit dans nos gènes! »
(Le Figaro)