Plus contagieux que le Delta, plus résistant aux vaccins ? Le nouveau variant détecté en Afrique du Sud est déjà présent dans de nombreux pays de l’Afrique Australe. Explications.
Un nouveau variant qui fait la Une des journaux, cela ne vous rappelle rien ? Sommes-nous en train de revivre le même scénario que l’an dernier lors de l’émergence du variant Delta ? «Le coronavirus recommence à faire la course en tête», se désole, sans s’étonner, la professeure Christine Rouzioux, virologue membre de l’Académie de médecine et de pharmacie. Chez tous les virologues de la planète, c’est l’effusion depuis que les autorités sanitaires d’Afrique du Sud, pays officiellement le plus touché par l’épidémie sur le continent, ont annoncé, jeudi 25 novembre, l’existence d’un nouveau variant se propageant très rapidement et présentant des mutations qui pourraient le rendre plus contagieux ou plus résistant à la vaccination.
Le variant du SARS-CoV-2 qui a émergé en Afrique australe a été classé préoccupant par l’OMS. De premières répercussions sur les transports aériens et les Bourses avaient anticipé cette annonce. Ce variant du Sars-CoV-2 responsable de la pandémie de Covid-19 a été identifié dans plusieurs pays d’Afrique australe en novembre. La majorité de la soixantaine de cas recensés vendredi 26 novembre 2021 (après séquençage du virus) a été identifiée en Afrique du Sud. Le variant a été classé par l’OMS parmi les « variants à suivre » le 24 novembre avant d’être surclassé en « variant préoccupant » vendredi soir. L’OMS est prudente et insiste sur le fait que la contagiosité et la virulence du virus ne seront pas connues « avant plusieurs semaines » .
Hors des sept pays du sud de l’Afrique, un cas avait été identifié à Hong Kong et un autre en Israël, chez des voyageurs revenant d’Afrique. Ce variant présente de très nombreuses mutations sur la protéine S. C’est cette protéine qui permet au virus d’entrer dans nos cellules, c’est donc elle qui est ciblée par les vaccins et les traitements. L’émergence de ce variant pourrait être corrélée à une recrudescence de cas dans plusieurs régions d’Afrique du Sud, pays le plus touché du continent africain. Le nombre de cas quotidiens de Covid n’y est encore que d’environ 3 000 et on compte quarante-deux cas pour 100.000 personnes. Le Pr Sud-africain Tulio de Oliveira, dont le labo avait identifié le variant Beta, affirme cependant « qu’en moins de deux semaines, ce variant est devenu dominant ». Selon lui, il est très contagieux et responsable de « 90 % des infections de la région du Gauteng », la plus peuplée du pays.
Après le Royaume-Uni, jeudi, plusieurs pays, dont la France, ont suspendu les liaisons aériennes avec l’Afrique du Sud, la Namibie, le Lesotho, l’Eswatini, le Zimbabwe, le Botswana et le Mozambique. « Tous les voyages aériens à destination de ces pays doivent être suspendus jusqu’à ce que nous ayons une bonne compréhension du danger posé par ce nouveau variant », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen. Les États-Unis attendent des « informations complémentaires ». L’OMS a rappelé vendredi qu’elle déconseillait « la mise en œuvre de mesures de restrictions aux voyages » . Le fabricant du vaccin anti-Covid Comirnaty, Pfizer, a « immédiatement lancé des études sur le variant » et attend des résultats « au plus tard dans deux semaines » selon un porte-parole. Il estime être capable d’éventuellement développer un nouveau vaccin en 100 jours. De nombreux médias utilisaient déjà la dénomination variant Nu pour désigner le B.1.1.529, anticipant le fait que l’OMS attribuerait une lettre grecque à ce variant comme les quatre variants préoccupants (Alpha, Beta, Gamma, Delta) et les deux variants à suivre (Lambda, Mu). Finalement, l’OMS a zappé le Nu pour sauter à Omicron.
