Les députés, élus le 31 juillet dernier, vont prendre leurs fonctions ce lundi 12 septembre 2022. Il s’agit de la 14e Législature de l’histoire politique du Sénégal.
L’Assemblée nationale, qui symbolise le système parlementaire du Sénégal de type monocaméral (une seule chambre), ouvre une nouvelle page de son histoire avec l’installation de la 14e Législature. La prise de fonction (officielle) des nouveaux locataires du bâtiment de la Place Soweto (inauguré en 1956) issus de l’échéance électorale (scrutin mixte) du 31 juillet dernier. Ils sont 165 députés dont 82 de Benno Bokk Yakaar (au pouvoir), 56 de Yewwi Askan Wi, 24 de Wallu, 1 pour Bok Gis-Gis Leegey, AAR et MPR Les Serviteurs.
Pour la première fois, l’Assemblée nationale se présente dans une configuration équilibrée. L’exécutif a perdu sa majorité mécanique qui permettait de dérouler tranquille son programme. « Un signal fort », selon l’ancien président du Groupe parlementaire du PDS, Babacar Gaye. Et de souligner : « En passant de 125 à 82 députés, cela est une leçon à retenir pour « Benno », qui doit adopter une nouvelle posture. Ce qui va permettre d’avoir en face une opposition responsable, une Assemblée de qualité. Afin qu’on ne trouve pas la nécessité de la dissoudre en 2024″.
En clair, la rupture s’impose. « Le camp du pouvoir a besoin de ressaisir, de faire une lecture froide de cette raclée, se réorganiser et se remettre au travail sur les plans politiques, économiques et sociales », analyse Babacar Gaye. Avant d’expliquer la déroute du 31 juillet : « La coalition « Benno » manque de direction politique. Tout est centralisé autour du Président Macky Sall. Alors les Sénégalais ont tendance à voter pour le dégagisme et non pour un projet, des profils. On a voulu sanctionner le chef de l’Etat qui n’était pas impliqué dans les Législatives ».
L’horizon se dégage en perspective de la présidentielle de 2024. C’est d’ailleurs pour cela que la cérémonie de ce lundi a un enjeu majeur. En effet, le temps fort est l’élection du 12e président de l’Hémicycle, après Moustapha Niass (2012-2022), Mamadou Seck (2008-2012), Macky Sall (2007-2008), Pape Diop (2002-2007), Youssou Diagne (2001-2002), Cheikh Abdoul Khadre Cissokho (1993-2001), Abdoul Aziz Ndaw (1988-1993), Daouda Sow (1984-1988), Habib Thiam (1983-1984), Amadou Cissé Dia (1968-1983) et amine Guèye (1960-1968).
Selon l’ancien député Cheikh Oumar Sy, il est important pour le pouvoir de garder la main sur la présidence de l’Assemblée nationale. Bien qu’il voit le meilleur un profil dans le camp de la coalition Wallu Sénégal en l’occurrence Mamadou Lamine Thiam, qui a été deux fois questeur. « C’est un homme de dialogue, généreux dans le partage et capable de discuter avec l’Etat et l’opposition… On n’a pas besoin d’une institution bloquée ». Cependant, « malgré sa majorité fragile, « Benno » a les moyens de faire élire son candidat (toujours pas révélé). Ces députés sont conscients des conséquences d’un autre échec », croit Babacar Gaye.
Quid des prétendants au perchoir de la coalition « Yewwi » ? Les maires Ahmeth Aïdara (Guédiawaye) et Barthélémy Dias (Dakar) ont annoncé leur candidature. Le dernier nommé doit même faire une déclaration cet après-midi. Il y a donc une grande incertitude par rapport au prochain président. Mais Cheikh Oumar Sy est convaincu que cette question n’est pas l’aspect le plus déterminant pour parvenir aux attentes placées sur cette 14e Législature. « On espère avoir une assemblée de transition avec ces députés qui seront installés », dit-il.
Avant de poursuivre : « C’est-à-dire qu’ils portent les lois que nous souhaitons voir passer sur l’information, le passage des directeurs de société en pré-session budgétaire, les financements des partis politiques… Il faut aller vers les ruptures qui vont permettre de réduire de 25% le pouvoir du Président de la République. Ce serait déjà un début ». Que les enjeux à l’Assemblée soient orientés sur l’intérêt général, au lieu de faire de l’institution un champ de batailles politiciennes.