L’armée sénégalaise ne compte pas lâcher du lest dans son entreprise d’en finir pour de bon avec la rébellion en Casamance.
On s’achemine sans doute vers le dénouement de l’un des plus vieux conflits au niveau du continent africain (40 ans) : la rébellion en Casamance dans la zone Sud du Sénégal. En effet, l’armée semble déterminée a tourné la page de cette guérilla. Avec une grande opération de démantèlement de la faction MFDC de Salif Sadio entamée, il y a une dizaine de jours. Le but, selon la Direction de l’information et des relations publiques des armées, est d’arrêter « les activités criminelles centrées sur la culture du chanvre indien ainsi que la coupe et le trafic de bois dans le Nord-Sindian (frontière avec la Gambie) ».
Bilan d’étape : Huit (8) bases sont détruites ou occupées par les militaires. Pour, « plusieurs rebelles tués, dont certains dans leurs bunkers. D’autres ont pris la fuite, abandonnant précipitamment une importante quantité d’armes, des munitions de guerre, des matériels divers, des véhicules volés depuis longtemps », indique le communiqué de la DIRPA. Avant de marteler : « Ces bandes en déroute seront traquées jusque dans leurs derniers retranchements à l’intérieur du territoire et partout ailleurs. Les armées poursuivront à tout prix ces opérations de sécurisation avec la même détermination… ».
C’est on ne peut plus clair. Mais pour le journaliste-politologue Yoro Dia, cette intervention ne doit pas être juste pour laver l’affront (9 soldats pris en otage lors d’une mission de l’Ecomig en février dernier). « Il faut aller au-delà. En nettoyant comme ça a été le cas dans le Sud (janvier 2021). On doit contrôler les frontières. Ce que Salif Sadio a fait, c’est dernier coup d’éclat. L’armée sénégalaise a gagné la guerre depuis les années 90. Période durant laquelle le MFDC (Mouvement des Forces Armées de Casamance) était puissant et soutenu par la Gambie et la Guinée-Bissau ».
Selon l’invité de « Soir d’Info », ce sont les hommes politiques qui retenaient l’armée. « Cette fois, il faut faire le nettoyage une bonne fois pour toute. Surtout que le MFDC n’a plus de zone de repli. Le Sénégal sur le plan militaire doit avoir d’autres priorités comme le terrorisme et la guerre de l’Est (contre les Djihadistes) avec ce qui se passe au Mali ». Pour ceux-là qui croient qu’il faut plutôt privilégier la négociation, le journaliste Yoro Dia est convaincu que cela ne va pas pousser le chef Atika Salif Sadio à abdiquer. « Aujourd’hui, le MFDC n’a rien à mettre sur la table pour négocier », souligne-t-il.
Et d’argumenter : « Il ne faut pas, comme depuis les années 80, que le MFDC ait sur le papier ce qu’il ne peut pas avoir sur le terrain. A chaque fois que l’armée lance une offensive, il y a les mouvements des femmes, des intellectuels de la Casamance qui demandent la paix et le retour des militaires retournent dans leurs cantonnements. Après avoir repris des forces, les rebelles reviennent attaquer. Maintenant, ce qui peut se négocier, c’est une sortie honorable pour le MFDC. La nation sénégalaise est une et indivisible. L’armée doit se donner les moyens de régler définitivement le problème ».
Surtout que « l’abbé Diamacoune est mort indépendantiste, donc ce sera ainsi pour Salif Sadio. Ce n’est pas à 70 ans qu’on va renoncer à un idéal. En plus, le mouvement de libération a dégénéré en un mouvement de trafic de bois. L’enjeu est donc d’éviter qu’on fasse de la Casamance une zone du sahel, un désert. Les militaires ont fait leur job depuis longtemps en affaiblissant le MFDC. Mais ce n’est pas à eux de gagner la paix ; ils créent un rapport de force pour permettre aux hommes politiques de négocier en position de force ».
A signaler que l’armée a subi au cours des opérations la perte d’une vie et un total de 8 blessés. Les braquages ont également repris et se multiplient depuis quelques jours