Symbole du mouvement « Fouta Tampi », Fatoumata Ndiaye fragilise aujourd’hui cet élan contestataire. Coupable ou victime ? Ange ou démon ?
Qui est vraiment Fatoumata Ndiaye ? Figure de proue et incarnation féminine du mouvement contestataire « Fouta Tampi », la dame est sous les feux de la rampe. Accusée d’avoir reçu une forte somme d’argent, deux voitures et une villa de la part du ministre de l’Intérieur, pour cesser ses agitations gênantes contre le pouvoir et revenir à l’APR, Fatoumata Ndiaye est passée de l’ombre à la lumière. Est-elle coupable ou victime ? Est-elle ange ou démon ?
Coordonatrice de « Fouta Tampi » dans un passé récent, Fatoumata est devenue clivante et source de l’éclatement en mille morceaux du célèbre mouvement. Pour preuve, elle fait des victimes autour d’elle. La dernière en date est l’étudiant à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mamadou Sarr dit Mara, membre de « Fouta Yonty », placé sous mandat de dépôt le 30 septembre dernier et condamné à six mois de prison avec sursis, ce mardi, par le tribunal des flagrants délits de Dakar pour menaces de mort et injures au préjudice de Fatoumata Ndiaye.
La première victime de Fatoumata Ndiaye a été Baye Niasse, membre fondateur du mouvement « Fouta Tampi ». Convoqué à deux reprises par la Division des investigations criminelles (Dic) la semaine dernière suite à la plainte de sa camarde qu’il avait accusé d’avoir été corrompue par le régime pour sacrifier le mouvement, le même Baye Niasse est rentré chez lui mais est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles et diffamation. Aujourd’hui, tout ce beau monde se regarde en chiens de faîence.
Fatoumata Ndiaye ne s’en cache pas : elle a reçu des coups de fil du ministre Mansour Faye, beau-frère du président Macky Sall, qui l’aurait contraint à arrêter ses contestations et à lister les doléances du Fouta. « De la même manière que je fustige la gestion de Macky Sall, de la manière je lui décerne un satisfecit quand il travaille bien et notamment au Fouta ». Ancienne militante de l’APR, lex-coordonatrice de « Fouta Tampi » garderait-elle un pied dans le parti au pouvoir ? La frontière est mince. En peu de temps, la dame aura réussi à cristalliser le mal-être des gens du Nord avant de le diviser. Le pouvoir mackyste, qui s’est toujours targué de n’avoir pas d’opposition au Fouta, a mal vécu l’émergence de ce mouvement. Fallait-il le tuer par la tête ? Fatoumata Ndiaye ne sortira pas indemne de cette polémique. Alors, ange ou démon ? Le temps le dira.