Comme tous les trois ans, les acteurs politiques, économiques et de la société civile du monde vont discuter des questions de l’eau à Dakar (21-26 mars). Au moment où les Sénégalais sont confrontés à la cherté des factures.
La capitale du Sénégal abrite depuis ce matin, et pour six jours, le 9ème Forum mondial de l’eau sous le thème : « La sécurité de l’eau pour la paix et le développement ». L’objectif visé à travers cette rencontre est « de sensibiliser, de renforcer l’engagement politique et d’impulser des actions sur les problèmes critiques à tous les niveaux, y compris le plus haut niveau décisionnel, afin de faciliter la conservation, la protection, la planification, la gestion et l’utilisation efficaces dans toutes ses dimensions au profit de toute vie sur terre ».
Dakar est ainsi le lieu de débats et d’échanges d’expériences autour des questions liées au liquide précieux entre les États, les collectivités territoriales, les multinationales, le secteur privé, les organismes de défense des droits de l’Homme, la société civile et l’ONG Conseil mondial de l’eau (organisateur). Un panel qui devrait apporter des réponse face au déficit d’eau potable en Afrique (3%) ainsi que les difficultés auxquelles les populations sont confrontées pour y accéder. Tout comme la maîtrise des ressources en eau qui est un levier du développement économique.
Selon le coordonnateur du Forum Social Sénégalais (FSS), Mamadou Mignane Diouf, « notre pays en particulier a besoin de trouver la meilleure méthode pour faire en sorte que les inégalités d’accès à l’eau disparaissent. Car, Dakar est alimenté par le Lac de Guiers et les habitants des localités voisines vont puiser au puits, filtrer avant de pouvoir consommer ». En plus des impairs comme la qualité de l’eau qui laisse à désirer, les pénuries récurrentes, la dégradation du service de distribution et la cherté des factures. Sur ce dernier point, il nécessite de s’interroger sur l’impact que le rendez-vous de Dakar peut avoir.
Dans la mesure où « l’eau est considérée comme une marchandise. Ce qui explique que le Forum mondial s’ouvre de plus en plus aux multinationales qui vendent et cherchent du profit. C’est pour cela qu’elles viennent se positionner au Sénégal et en Afrique. Elles sont plus préoccupées par le gain que par la sécurité de l’eau, qui a fait son entrée dans la bourse des valeurs », informe Mamadou Mignane Diouf. Pour le sociologue du développement, tant que la gestion est entre les mains des étrangers, les Sénégalais vont continuer à recevoir des factures salées.
« L’entreprise, qui investit son argent, qui a son propre directeur, ses chefs de services et qui commercialise, ne cherche plus le bénéfice que le bonheur des populations », lance-t-il. En réalité, le changement de gestionnaire opéré en 2020, avec l’arrivée du Groupe SUEZ partenaire technique de la Sen’Eau, n’a pas servi à grand-chose. La situation actuelle est pire. « Et ce n’est pas surprenant. Voilà deux ans que nous avions dit cela. Sinon que les difficultés vont s’accentuer, en effet les dispositions des calculs, de la programmation et le système ne favorisent une baisse des coûts », estime le défenseur de l’accès universel à l’eau.
Avant de marteler : « On a trompé les Sénégalais, qui n’ont rien vu de ce que Sen’Eau avait promis. Durant les 15 années que le contrat va durer, il n’y a aucun espoir de voir les populations payer moins cher l’eau. A moins que l’État renégocie et impose une baisse des prix ». Tout comme dans les zones rurales où c’est encore plus onéreux. Les forages étant gérer par des privés.