Après 17 jours de campagne électorale, les coalitions de partis en lice pour les Législatives peinent à emballer les Sénégalais à travers une offre politique concrète.
Depuis le 10 juillet dernier, les candidats à la députation parcourent le territoire national pour tenter de conquérir le cœur des électeurs. Des rencontres qui, en grande partie, ne devrait pas avoir une influence sur le scrutin de dimanche prochain. Si on se fie à la lecture du journaliste-analyste Alioune Ndiaye, patron de Pikini production. « On est dans un pays où les gens se fondent une opinion bien avant la campagne électorale, qui est juste un moment de démonstration de force pour certains. Donc, elle n’est ni déterminante ni décisive », souligne-t-il au micro du « Grand Jury ».
Et pour cause ! « Les Sénégalais, pour l’essentiel, se préoccupent de renouveler leur confiance ou de sanctionner… Cette campagne n’emporte pas forcément l’adhésion populaire. Le débat et les discours ne portent pas sur les législatives, cela fait que les gens sont, peut-être, dans d’autres priorités. On verra le jour du scrutin, si le taux de participation sera élevé », argumente l’ancien chroniqueur sportif de Walf. Avant de lancer : « Il y a beaucoup de charlatanisme dans cette campagne électorale. On a entendu des gens faire des propositions qui sont complètement obsolètes ».
Exemple : « J’ai entendu quelqu’un dire qu’il va diminuer le prix du riz. Cela rappelle le Président Abdoulaye Wade qui promettait, une fois élu, de vendre le kilo à 50 F CFA. Une promesse qu’il avait oubliée à son arrivée au pouvoir. Certains veulent placer la campagne sur le thème des LGBT. En clamant que si on vote pour la coalition « Benno », on soutient un projet de l’égalisation de l’homosexualité au Sénégal… ». Une sorte de tromperie que le spécialiste des médias lie avec la percée « des charlatans devenus experts et analystes politiques ». Alors qu’au fond leurs arguments sont « plus des paroles en l’air ».
Pour Alioune Ndiaye, « On est dans une sorte de récession politique et démocratique qui fait que le niveau du débat a beaucoup baissé. On se retrouve dans une situation où on ne s’encombre pas… On manipule les consciences, joue sur les sentiments. La démocratie est une bonne chose si les gens sont informés. A défaut, elle devient ce que Clemenceau définissait comme étant le pouvoir donner aux poux de manger des lions. Nous allons tout droit vers une sorte d’inaptocratie où les choses n’avancent pas ». Comme le théorise l’économiste et financier Charles Gave.
Toutefois, « l’ombre de la présidentielle de 2024 va indubitablement planer sur ces élections législatives du 31 juillet 2022. Car les résultats qui vont sortir des urnes détermineront l’attitude des uns et des autres ».