Le pouvoir législatif pourrait changer de camp au sortir du scrutin de ce week-end. Ce qui créerait une situation inédite dans le Parlement du Sénégal.
Ce dimanche 31 juillet, le Sénégalais est à un tournant important de son histoire politique avec les élections législatives, qui mettent aux prises la coalition au pouvoir (Benno Bokk Yakaar) et sept autres unités de l’opposition (Yewwi Askan Wi, Wallu Sénégal, Bunt Bi, Guis-Guis liggeey, MPR-Les Serviteurs, Nataangué Askan Wi, AAR Sénégal). L’enjeu est de prendre le contrôle de l’Assemblée nationale, mais aussi de se (re) positionner en perspective de la présidentielle dans 17 mois.
Le sort de tout un peuple (pour les cinq prochaines années) est ainsi entre les mains de 6 727 759 électeurs appelés à effectuer leur devoir citoyen dans l’ensemble du territoire national et de la diaspora. Ils vont devoir redonner la majorité autoritaire au Président Macky Sall pour continuer de dérouler son PSE (Plan Sénégal Émergent) avec ses grands projets futuristes. Ou bien de contraindre le chef de l’État à une cohabitation où l’opposition devient forte et aura le droit de regard sur l’exercice de son pouvoir.
Seydou Diouf : « Une cohabitation présente de grands risques »
Pour cette dernière hypothèse, certains membres de « Benno » essayent de convaincre l’électorat sur sa dangerosité. « Une cohabitation présente de grands risques pouvant rendre ingouvernable le pays », confiait Seydou Diouf dans l’émission « Remue-Ménage » de la RFM. Avant de souligner que dans la 13ème législature tant décriée, les députés de l’opposition – qui veulent obtenir la majorité – ne sont pas exempts de reproches. « Cela fait trois ans que certains parmi eux n’ont pas mis les pieds à l’Assemblée nationale ».
Le président de la commission finance à l’Hémicycle de poursuivre : « Et pourtant à la fin du mois, ils prennent le salaire, le carburant, ils utilisent leur véhicule de fonction. Ils ne viennent que lorsqu’ on a un texte sur la Constitution… Si on veut un parlement de qualité, cela passe par la présence des députés et la qualité des débats. Être un représentant du peuple, c’est une fonction sacerdotale à laquelle on doit consacrer toute son énergie et toute sa compétence ».
Elène Tine : « Ce serait bien que l’opposition soit majoritaire »
Sauf qu’aux yeux de la présidente du Mouvement pour un Sénégal d’Ethique et de Travail (MSET) Mme Elène Tine, cet argumentaire du député de « Benno » ne suffit pas pour mériter un vote massif des Sénégalais. « Le plus grand risque que nous avons vécu pendant ces dix dernières années, c’est d’avoir une Assemblée à terre, couchée. Le malheur est qu’on n’a pas fait le bilan. Le président (Moustapha Niass) est sorti de ses deux mandats sans pour autant qu’on parle des vrais problèmes de cette institution », argumente-t-elle.
Selon l’ex-parlementaire, « ça ferait du bien que les forces soient rééquilibrées, que l’opposition puisse avoir une présence majoritaire dans l’Hémicycle pour redresser la barre. Les populations devraient sanctionner ces députés, qui pendant une décennie, n’ont pas joué leur rôle. Ainsi que le régime par rapport aux choix calamiteux de ses hommes qui ont défiguré et déshonorer l’Assemblée. Tous les anciens parlementaires ont honte des scandales, de beaucoup de choses qui se sont passées ces 5 dernières années ».
De ce fait, Elène Tine fait partie de ceux-là qui plaident pour une réforme du parlement. « Il faut qu’on arrête d’élire des députés du Président de la République qui ont les yeux pour regarder où il veut, les oreilles pour n’écouter que ce qu’on leur dit ». Et de lancer : « Je suis convaincue que nous n’avons pas affaire à des irresponsables dans les différentes coalitions de l’opposition. Au point de vouloir faire croire (du côté des partisans du chef de l’État) que leur donner une majorité va mettre le pays sens dessus dessous ».