Les deux grandes coalitions « Benno » (pouvoir) et « Yewwi » (opposition) vont prendre part aux prochaines élections législatives au Sénégal (31 juillet). C’est la décision du Conseil constitutionnel.
Au regard des décisions rendues par le Conseil constitutionnel sur les contentieux pré-électoraux, il n’y aura pas de grands absents aux prochaines Législatives. Les coalitions « Benno Bokk Yakarr » et « Yewwi Askan Wi » sont remises dans la course, malgré les fautes commises (non-respect de la parité, surplus de parrains, liste mal confectionnée) et qui devaient entraîner leur disqualification pour le scrutin du 31 juillet. « Des verdicts conformes à la situation politique qui est très tendue », selon le Pr en science politique à l’UGB Moussa Diaw, invité du « JP » de RFM.
Pour lui, le Conseil Constitutionnel est allé au-delà du droit. « Une manière d’apaiser le climat qui avait atteint n certain niveau. On avait entendu des discours, des déclarations et un certains nombres d’informations sur une éventuelle invalidation de la liste de « Yewwi Askan Wi ». Les tensions sont perceptibles depuis le dépôt des listes qui constitue une étape importante. Ça a vite monté et le conseil constitutionnel attendu pour régler cette question. Les décisions qu’il a prises sont compréhensibles. C’est le moindre mal », estime-t-il.
Avant de souligner que le « CC » aurait dû aller plus loin. « On est en démocratie il n’est pas question de recaler des listes. Il pouvait prendre d’autres mesures en faveur de la coalition « Gueum Sa Bopp », celle dirigée par Serigne Mboup et autres. Tous les acteurs devraient participer à cette compétition électorale. On pouvait leur faciliter cela en réglant les problèmes en amont ». De son avis, l’administration électorale n’a pas joué son rôle dans la confection des dossiers. Elle était inféodée à l’exécutif. Alors que c’était à elle de régler cette question de validation des listes.
La Direction Générale des Élections (DGE) « devait permettre de compléter, s’il y a des documents qui manquent. A ce niveau, il y a eu des blocages. On n’a pas accepté que des corrections soient faites. L’administration doit être au service des coalitions de partis politiques et leur permettre de respecter la loi. Au lieu de créer une situation difficile qui a failli poser énormément de problèmes jusqu’à déstabiliser le pays », regrette Pr Moussa Diaw. Dans sa dernière sortie, la tête de liste de « Yewwi » Ousmane Sonko appelait à une forte mobilisation pour envahir le palais de la République.
L’expert en science politique suggère ainsi une réflexion sur l’organisation des élections, surtout sur le parrainage et ses limites. « Il faut le repenser, faire en sorte que ça ne soit pas un instrument au service d’un parti, de pouvoir supprimer des adversaires, choisir ceux qui doivent aller aux élections. Les crises politiques en Afrique proviennent de décisions, de situation de blocage ou de marginalisation. A partir de ce moment, on doit analyser. La démocratie c’est la liberté. Il faut mettre en place tout dispositif permettant à l’ensemble des acteurs de pouvoir participer aux élections », croit-il.