Les résultats, issus des élections municipales et favorables à l’opposition politique, annoncent la fin du règne de la coalition au pouvor « Benno Bokk Yakaar ».
Au sortir des émeutes macabres du mois de mars 2021, le Président de la République Macky Sall disait avoir compris le message. Après la débâcle de ses troupes lors des élections locales de dimanche dernier, il a sans doute plus saisi la grande frustration des populations. Des localités majeures comme Dakar, Guédiawaye, Ziguinchor, Kaolacks, Thiès… sont concédées à ses farouches adversaires politiques. Selon les spécialistes, ce vote n’est rien d’autre que l’expression de la colère et de la misère sociales.
Les Sénégalais sont sortis en masse pour ce scrutin communal. Une première dans l’histoire : on annonce un taux de participation qui avoisine les 60 %. Il y avait un besoin de sanctionner un mode de gouvernance qui ne prend pas en charge leurs aspirations. Le Professeur en science politique Moussa Diaw (UGB) confirme : « C’est l’échec de la majorité, en particulier du chef de l’État. Ils croyaient avec l’investissement consenti sur les plans financier et matériel pour ces élections qu’ils allaient pouvoir conquérir les villes symboles ».
Pour lui, il s’agit d’un désaveu. « Les citoyens ont choisi autre chose. Il y avait une nécessité de renouvellement de la classe politique, parce qu’on voit beaucoup de jeunes qu’on ne connaissait pas sont élus ». Pour expérimenter des pratiques, des visions novatrices qui écoutent et mettent en avant l’intérêt général. « Les gens ne sont pas contents par rapport à certains dysfonctionnements constatés avant même les élections. Comme les détournements à Poste Finance, à la LONASE, au Trésor Public… », souligne-t-il.
Avant de poursuivre : « Alors que les populations sont dans des difficultés, elles voient des gens utilisés leur argent pour leur compte personnel ». En plus de la récupération des transhumants par la mouvance au pouvoir. Cette dernière a ainsi beaucoup de leçons à tirer de cette cuisante défaite. « Il va falloir revoir la manière de gérer ce pays, être à l’écoute des populations et trouver des solutions à leurs problèmes, penser à l’avenir des jeunes, améliorer leurs conditions de vie », dit le Pr Diaw. Convaincu que la politique n’est pas que des calculs.
Les signaux sont désormais au rouge pour la coalition « Benno Bokk Yakaar ». Comme en 2009 avec le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et ses alliés, l’issue des Locales 2022 sonne le glas du règne de l’arrogance. C’est le début de la fin pour le Président Macky Sall (qui est à son second mandat) et ses ouailles. Maintenant, le temps leur est compté. Les prochaines échéances électorales (Législatives dans 6 mois) devraient confirmer cette dynamique enclenchée et voulue par le peuple, seul souverain.
La cohabitation est devenue inévitable, avant le grand rendez-vous de la présidentielle en 2024 pour lequel la nouvelle force de l’opposition « Yewwi Askan Wi » est mise à l’épreuve à travers la gestion des collectivités territoriales. Des défaillances à ce niveau pourraient tout changer. Remettre en cause la vérité sortie des urnes, hier.