La bonne entente avec l’État central s’impose aux collectivités locales. A Dakar, les candidats pour la mairie de la ville s’engagent dans ce sens.
Le débat sur les relations entre les acteurs politiques de l’opposition et de la mouvance présidentielle, a été permanent durant cette période, précédant les élections communales (23 janvier 2022). Elles sont le plus souvent ponctuées de bras de fer. Cela au détriment des populations ainsi que de l’amélioration de leur cadre de vie. Alors que « les collectivités territoriales ne peuvent pas aller sans l’État, vice versa », selon l’expert et consultant en décentralisation Djibril Gningue, par ailleurs secrétaire exécutif de la Plateforme des Acteurs de la Société Civile pour la transparence des Élections (PACTE).
C’est une donnée nouvelle qui a conféré à la régionalisation une importance majeure. Mais, « s’il y a des conflits comme ce que nous avons connus à Dakar, cela est dû à notre rapport avec les institutions. Il s’agit d’un rapport de patrimonialisation. C’est-à-dire, on en fait une propriété. On doit savoir les limites de son autorité personnelle vis-à-vis de l’institution qui appartient à tous les Sénégalais. Il faut faire preuve de dépassement pour que les maires et l’État puissent travailler dans une parfaite harmonie pour le développement du pays », indique Mr Gningue.
Une évidence que les candidats des coalitions de l’opposition, surtout dans les grandes villes, ont fini par accepter. Même ceux-là qui avaient une posture radicale tendent la main au pouvoir. « Le président Macky Sall n’est pas un ennemi, c’est un adversaire. Nous comptons travailler avec l’État », a affirmé dans le « Grand Jury » le candidat de « Yewwi Askan Wi » pour la capitale. Avant d’expliquer : « Si Barthlémy Dias, maire de Dakar, et le Conseil municipal comptons rencontrer Macky sall pour lui exposer un projet qui entre dans l’intérêt des populations, nous allons le faire… ».
En citant l’exemple de la caisse d’avance (qui avait valu à son mentor Khalifa Sall 5 ans d’emprisonnement) réactualisée avec la maire sortante Soham El Wardini. Pour « Bath », « cela est la preuve qu’elle n’a jamais dérangé personne. Mieux, le rapport de l’Inspection Général d’État (IGE) ne l’avait pas dénoncée. D’autant plus qu’elle sert à aider les Dakarois pour se soigner, pour retrouver leur dignité humaine ». Et de souligner : « Ça, si je dois le faire comprendre au président Macky Sall. Je suis prêt à me déplacer pour le lui faire comprendre. C’est de ma responsabilité et il n’a pas le droit de la bloquer ».
Sur le plan sanitaire, avec la volonté de doté des 19 communes de Dakar d’un centre de santé, il va falloir faire face à la problématique de la masse salariale. « C’est là où l’État devrait soulager les collectivités territoriales. On ne peut pas transférer les compétences sans les moyens. Cela suppose être enterré la bouche ouverte. C’est pourquoi j’insiste à dire que nous sommes disposés à travailler, discuter, échanger avec l’État central, mais pas pour plaire ou pour se donner bonne conscience. Nous le ferons pour soulager les sénégalais qui sont fatigués » dit Barthélémy Dias.
Ce dernier n’a pas manqué de signaler : « Pour parler de développement, je vais prendre l’exemple du Maroc où 33% de la TVA sont reversés aux collectivités locales. Au Sénégal, nous ne sommes même pas à 8%. Cela s’appelle : volonté politique. Il reste énormément à faire, même si je dois reconnaître que des efforts ont été faits ». Avant de lancer : « Il est temps que les politiques fassent preuve de retenue, qu’ils comprennent qu’il y a une heure pour travailler et une heure pour la compétition (…) Croyez-vous que le Président français Macron va se mettre à combattre le maire de Paris ? ».
L’édile sortant de la commune de Mermoz – Sacré Cœur ne pouvait pas s’empêcher de jeter une pique au chef de l’État Macky Sall « qui a combattu et humilié Dakar en le privant de stade où on peut organiser des compétitions sportives, d’aéroport, de la gestion des ordures, d’avoir pensé à nommer le maire par un décret… ».