Pour la première fois, les élections municipales et départementales se feront au suffrage universel direct. Une nouveauté qui ne devrait pas changer la donne quant au taux de participation au vote des électeurs.
Ce dimanche 23 janvier, les Sénégalais sont appelés à élire les maires des différentes collectivités territoriales. Un scrutin qui a toujours connu une participation faible de la population électorale. Lors de la précédente échéance (en 2014), le taux était de 41%. Des spécialistes de la scène politique nationale ne s’attendent pas à mieux pour les élections de cette année (2022). « Le pourcentage d’abstention est à surveiller, car c’est la première grille de lecture », soutient le journaliste Cheikh Yérim Seck.
Avant de dire « être convaincu que beaucoup n’iront pas voter ». Une conviction sans doute fondée sur un constat majeur : l’absence d’engouement. Cela s’explique par le faible taux de retrait des cartes d’électeur à la suite de la dernière révision exceptionnelle des listes. La CENA (Commission Électorale Nationale Autonome) n’avait pas manqué d’inciter « les populations concernées à se mobiliser pour aller retirer ce seul document en mesure de leur permettre d’accomplir leur devoir de citoyen ».
Les péripéties durant la période d’inscription de nouveaux électeurs, de changements de circonscription ou de radiation n’ont pas contribué à faciliter le processus. L’opposition a même eu à dénoncer « qu’un grand nombre de primo-votants ne soient pas parvenus à se faire délivrer un certificat de résidence. Du fait des manœuvres antidémocratiques de certains maires sortants de la mouvance présidentielle ». Tout cela peut avoir des répercussions sur le taux de participation.
Dès lors, à en croire Cheikh Yérim Seck, « le résultat n’est pas le même selon les votants sont nombreux ou pas. Si c’est faible, ça veut dire que ce sont que les militants des partis qui ont voté. Si elle est forte, cela signifie qu’une bonne partie de l’opinion s’est exprimée. Ce qui va permettre d’avoir une lecture, d’analyser la situation politique et la position du peuple par rapport aux tenants du pouvoir et ceux qui aspirent à prendre les commandes ». D’autant plus que ces élections sont présentées comme une prélude à la présidentielle de 2024.
Cet enjeu a participé à faire monter la tension durant la campagne électorale (8 au 21 janvier) ponctuée par la violence dans l’ensemble du territoire national, et plus particulièrement à Dakar ainsi que sa banlieue. Pour le célèbre journaliste-analyste, « les Sénégalais qui ont une grande tradition d’élection (depuis 1872) doivent démystifier le vote. Le fait d’avoir le droit de pouvoir prendre un bulletin et le dans une urne, c’est un luxe. Il s’agit d’une fête de la démocratie. L’occasion pour le citoyen de choisir ses administrateurs, ses décideurs ».
Et de souligner : « C’est une honte qu’à chaque fois qu’on parle des élections en Afrique du côté de l’Occident, on demande toujours s’il y a incidents et contestations. Avec l’image de démocratie que le Sénégal véhicule dans le monde, on doit éviter certains comportements qui tendent vers la violence ».