Symbole de la grande coalition de l’opposition, Pastef est à la croisée des chemins. Son leader, Ousmane Sonko, est tenu de réaffirmer son leadership pour parer à toute éventualité.
Premier parti de l’opposition sénégalaise, Pastef s’avance pour la première fois de sa jeune histoire politique vers des élections en position d’éclaireur. Chef de l’opposition, son leader, Ousmane Sonko, cristallise actuellement les coalitions en vue des élections locales de janvier 2022. « Macky Sall fera face à l’une des plus grandes forces d’opposition du Sénégal », a averti le leader de Pastef. Plus concrètement, le lancement officiel de la grande coalition de l’opposition de cette après midi, qui réunit Pastef, Pur, Taxaawu Sénégal, le Pds (?) et d’autres mouvements politiques, comme « Gueum Sa Bop », suffit à matérialiser les desseins de cette opposition incarnée par Pastef.
Hier, un communiqué du Pds est venu comme un cheveu dans la soupe mettre du sable dans le moteur. En résumé, les partisans de Karim Wade informent « n’avoir signé aucun document à propos d’une charte pour la création d’une coalition sous la mention ‘ont signé le Pds, Taxawu Sénégal, Pastef et le Pur’. Sans en être informé officiellement, le Pds a appris qu’une cérémonie de signature est prévue ce jeudi 2 septembre alors que jusque-là des points de désaccords signalés par plusieurs partis subsistent et n’ont pas été résolus…. » Une démarche des libéraux pour le moins fractionniste et qui n’est pas de nature à créer une sérénité dans ce rapport de forces engagé par une certaine opposition pour faire face au pouvoir.
Au sein de la grande coalition, suite à la sortie de Pds, les langues commencent à se délier à quelques heures du lancement officiel de cette grande mouvance. « Le Pds fait de la surenchère, veut juste gagner du temps et imposer par endroits son point de vue. C’est de bonne guerre », observe ce membre d’un des partis de l’opposition, sous le couvert de l’anonymat. A l’initiative de cette grande coalition de l’opposition, Pastef, au même titre que Taxawu Sénégal, qui a tout à gagner dans cette alliance, ne veut pas saper cette union. Dans ce compagnonnage qui s’apparente plus à un mariage de raison que de coeur, le maitre mot est clair : marcher ou crever. « C’est l’unique occasion de faire tomber Macky Sall et de le préparer à faire ses bagages en 2024 », a d’ailleurs récemment clamé Ousmane Sonko. Ce dernier, conscient d’être le maitre du jeu au sein de l’opposition, ménage la chèvre et le chou en même temps qu’il assure ses arrières avec un parti fortifié. Saura-t-il maintenir tous les équilibres ?
Pastef, qui s’est totalement investi dans la révision des listes électorales pour inscrire les jeunes et primo-votants, donne l’impression de jouer, à travers ces locales, le premier tour de l’élection présidentielle de 2024. Ousmane Sonko l’a dit et répété : rien ni personne ne l’empêchera d’assouvir son ambition de succéder à Macky Sall en 2024. Ses détracteurs le raillent souvent pour sa propension à tirer sur le système qu’il courtise aujourd’hui. Sonko se frotte actuellement à la real politik. Saura-t-il maintenir le cap 2022-2024 ? Son parti est en train de murir, de s’élargir en même temps que germent les premiers soubresauts inhérents à toute nouvelle conquête. Et évolution.