vendredi, mars 31, 2023
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Port de Ndayane : « Un projet pour satisfaire un prince de Dubaï… »

Comme tous les grands projets du gouvernement, la construction du port de Ndayane va laisser des populations dans le désarroi.

L’État du Sénégal est dans la phase de concrétisation du futur port multifonctionnel de Ndayane (département de Mbour), dont la pose de la première pierre a lieu lundi dernier. C’est une infrastructure moderne qui sera érigée sur 1200 hectares pour un peu plus de 5.2 milliards de dollars US (3000 milliards F CFA). La fin des travaux est prévue en 2026 avec comme objectifs « de décongestionner le port de Dakar et ses environs, de donner une impulsion au transport de marchandises qui ne cesse d’augmenter à l’échelle mondiale, d’aider à développer la logistique et le fret maritime dans le pays.

Le Président Macky Sall parle « de version africaine du port de Jebel Ali à Dubaï, devenu le premier port en eau profonde du golfe Persique et le deuxième port commercial du monde ». Le Groupe DP World des Emirats Arabes Unis disposera de 60% des actions de la société, qui se chargera de la gestion du terminal à conteneurs, contre 40% pour l’État du Sénégal. Et on annonce la création de près de 250 000 emplois. Un autre pas vient d’être posé dans la quête de l’émergence. Mais, ce gigantisme en vogue ne fait pas rêver les populations des localités de Ndayane, Toubab Dialaw, Ndougouman…

Pour cela, elles sont déterminées à s’opposer à l’érection de ce port sur leurs terres. Et pour cause ! « Ce projet semble être fait pour satisfaire un prince venu de Dubaï, qui s’est promené sur notre belle côte et a dit :  »il me faut ici un port’’, et on le lui offre », croit l’écologiste Massogui Thiandoum, par ailleurs porte-parole du collectif. Avant d’indiquer que « le site est mal choisi, parce qu’il est à vocation culturel et touristique. L’État du Sénégal l’avait même mis dans son document Plan stratégique de développement horizon 2035. Des investissements y ont été déjà faits ».

Pis, « c’est un port en eau profonde, donc il ne sera bâti sur la côte, il sera en haute mer à 6 km. Cela veut dire que les sites de pêcheries traditionnelles dans la localité vont être impactés. De Bargny à Somone, les pêcheurs vont avoir des problèmes pour circuler et mener leurs activités ». En effet, le flux de pirogues qu’il y a dans la zone va se mêler aux grands bateaux. « Ce qui va multiplier le risque d’accidents et il sera pratiquement plus possible de pêcher dans la quiétude. Nous ne sommes pas contre le développement du Sénégal, mais il doit être réfléchi et non au détriment des populations. C’est cela que nous dénonçons », souligne Mr Thiandoum.

Surtout qu’avec le port de Ndayane, en plus de ceux de Dakar et Sendou, il y a une forte concentration sur une étendue de 50 km du littoral. Une « aberration », selon les populations qui avaient proposé d’ériger l’infrastructure à Kaolack (un projet était en vue là-bas) ou sur la grande côte entre Kayar et Saint-Louis. « Quand on veut faire quelque chose dans une localité, on a la responsabilité et le minimum de respect de consulter les gens. Il faut connecter notre besoin de développement aux aspirations des populations », estime Massogui Thiandoum.

A l’en croire, aucune étude d’impact environnemental et social n’est présentée aux mairies des communes concernées par le projet en l’occurrence Ndayane, Diass et Yenne. « C’est une violation. D’autant plus qu’il doit avoir des discussions publiques sur les impacts. On va nous prendre 1200 hectares, ce qui est beaucoup alors que par rapport aux premières informations et les cartes que nous avions vues, il était question de 600 hectares. Il est injuste qu’on nous sacrifie pour faire plaisir à un prince. On veut nous chasser de nos terres… Nous ne voulons pas de ce port ».

Cérémonie pose première pierre, le lundi 3 janvier 2022.

D’ailleurs l’État du Sénégal est attrait en justice. Le procès est en cours. Pour Mr Thiamdoum, la seule issue possible est d’avoir « des discussions franches, sérieuses et inclusives. Car il s’agit de la plus grande catastrophe écologique de l’Afrique. Le capitalisme est en train de prend le dessus sur le socialisme. Nous ne devons pas accepter la domination des multinationales obnubilées par le gain. En réalité, 60% des bénéfices iront à Dubaï. On nous parle de création d’emplois, mais un port c’est de la haute technologie, ce ne sont pas mes parents de Dialaw qui vont y travailler. A moins d’y être des gardiens ».

En définitive, la pirogue qui est « une entreprise sociale dans cette zone » va se retrouver en « faillite », avec près de 2000 personnes qui se verront couper les vivres. Et contraints à l’exode.

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