Un collectif, mis en place à la suite du scandale survenu à l’hôpital de Louga (Sénégal), a lancé une pétition pour déclencher le combat contre les bavures qui se multiplient.
Une négligence médicale a coûté la vie à la dame Astou Sokhna dont la grossesse était à terme et nécessitée une césarienne. La tragédie s’est passée à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de la région de Louga (Nord du Sénégal). Une affaire grave, mais il a fallu dix jours pour que cela soit étalée sur la place publique. Un énième cas qu’on a failli passer sous silence. C’est ainsi qu’un collectif, initié par la sociologue en développement Fanta Chimère Diaw, a lancé une pétition « pour mener le combat, qu’il n’y ait plus d’autres victimes ».
Le total de 50 000 signatures souhaitées est atteint au bout de deux jours. « On a noté une forte mobilisation des Lougatois pour fustiger cette bavure. L’objectif est de se faire entendre. Car les problèmes sont énormes au niveau de l’hôpital : il n’y a pas de service d’accueil, les patients n’arrivent pas à s’orienter en cas d’urgence, la vente des tickets se fait tardivement alors que les malades arrivent tôt, le personnel soignant fait des consultations dans les structures privées ou à domicile avant de venir à l’hôpital », indique-t-elle.
Avant d’ajouter : « Les titulaires ne sont jamais sur place. On laisse sur place des personnes incompétentes. Au niveau de la maternité, il y a de la discrimination. La prise en charge se fait selon la tête du client. Cela date de très longtemps, nous avons reçu beaucoup de témoignages. Si la situation a perduré, c’est parce qu’il y a un laxisme de la part des populations… Nous ne voulons plus de ça à l’hôpital de Louga et ailleurs dans le pays. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout dans cette affaire ».
Le procureur s’est saisi du dossier et a ouvert une enquête suite à une plainte de la famille de Astou Sokhna. Pour autant, le collectif mis en place par Fanta Chimère Diaw compte organiser une marche à Louga ce samedi. « Nous laissons la justice faire son travail, mais nous allons faire le procès populaire », souligne-t-elle. Les faits sont effrayants. Selon le récit de l’époux de la défunte : « (…) Elle agonisait et criait dans tous les sens parce qu’elle étouffait, le personnel de garde n’a pas daigné la secourir ».
Un comportement, inhumain et contraire à l’éthique professionnelle, qui ne pouvait pas laisser indifférent la plus haute autorité du pays. Le Président Macky Sall a réagi en exigeant que toute la lumière soit faite. Des agents du ministère de la santé sont actuellement dans la région du Ndiambour pour travailler sur le dossier.