La troisième vague de la pandémie de Covid-19 est dans sa phase terminale. Mais le ministère de la santé ne baisse pas les bras. Avec la mise en place d’un dispositif de veille, contrôle et alerte.
Situation de la pandémie du mardi 12 octobre dernier : 1 nouveau cas (communautaire), 0 décès, 5 dans un état graves et 28 sous traitement. Stupéfaction. Il a fallu 19 mois de lutte pour voir le nombre de contamination revenir au point de départ de la Covid-19 au Sénégal. Avec la première personne porteuse du virus signalée à la date du 2 mars 2020. C’était un ressortissant français revenu à Dakar où il résidait, après un séjour dans le Sud de la France, plus exactement dans la ville de Nîmes et la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Depuis quatre jours, la tendance baissière se maintient. Les contaminés ne dépassent pas le chiffre 6, les cas graves n’augmentent pas et il y a de moins en moins de morts. « La maladie a considérablement chuté », confirme dans un entretien Dr Ousmane Dia, directeur des établissements publics de santé. Avant de poursuivre : « Les épidémiologistes avaient dit que ça peut atteindre un certain niveau jusqu’à faire peur, avant de descendre au plus bas. Ce qui est le cas en ce moment, mais il ne faut pas baisser les bras. Car il peut avoir une 4e, 5e et même 6e vague ».
Pour cela, le ministère de la santé et de l’action sociale a pris toutes les dispositions idoines. En prévention d’une saturation dans les hôpitaux comme on l’a constatée durant la 3e vague avec le virus Delta, très virulent. « En réalité, nous étions inquiets, tout le monde avait peur. On me réveillait à 4 heures de la nuit pour me signaler quatre ou cinq malades. Avec le SAMU, on essayait de réguler. C’était pénible. Ce qui a fait qu’il y a eu plusieurs décès. Les hôpitaux étaient pleins ». D’où la nécessité d’avoir (désormais) un centre de traitement dans chacune des structures de santé sur l’ensemble du territoire national.
Il s’agit de renforcer le dispositif, en plus d’adopter une nouvelle stratégie de lutte. D’ailleurs, « une note est envoyée aux hôpitaux pour leur dire que cette vague est dans sa phase finale, mais il faut rester vigilant. Ce qu’on appelle le système de veille, contrôle et alerte. Comme ça quand on aura une autre vague, on pourra faire face. Sans prétendre diminuer l’ampleur, car une maladie dont on ne connait pas son origine et quand ni comment elle se manifeste, on ne peut dire qu’on peut l’arrêter. L’essentiel est que nous sommes sur nos gardes et aucun centre de traitement ne sera fermé », souligne Dr Ousmane Dia.
Trois pôles sont ainsi constitués : Dakar avec 3 hôpitaux qui vont continuer de fonctionner (Dalal Jam 100 lits, Fann 30 lits, Hangar des pèlerins 25 lits), s’ils sont pleins, on va activer Le Dantec et Principal ; Zone Nord-Centre et Zone Sud où aucun centre de traitement ne sera fermé. De ce fait, il est prévu un redéploiement du personnel. « Nous sommes dans l’attente, si d’ici deux mois il n’y a pas une augmentation considérable (des cas de Covid-19), ceux-là qui avaient des contrats de prestation dans les services de riposte seront insérés dans les hôpitaux. Ainsi s’il y a une autre vague, nous pourrons les remobiliser » indique l’agent du ministère.
Selon ce dernier, les résultats d’un atelier ont révélé contre toute attente que la 2e vague a plus tué que la 3e. « Il y avait moins de dégât sauf que la récurrence des décès et les personnes que ça concernait (le plus souvent des gens qui ont une renommée) font qu’on avait l’impression que c’était plus mortel. Le virus Delta n’a pas fait plus de 2 mois ». Autre confession, le Covid-19 n’a pas fait beaucoup de morts comme on le laisse croire. « Les statistiques montrent que les gens mouraient d’autres choses. Les tests post-mortem attestent la Covid-19 alors qu’elle n’est pas à l’origine des décès » indique-t-il.
Concernant l’oxygène nécessaire pour la prise en charge des cas graves, il y a une commande de 35 centrales. L’Etat pu obtenu deux en plus de deux autres en don et une dizaine est attendu d’ici la fin de cette année. L’objectif du ministère de la santé est de faire en sorte que tous les hôpitaux puissent avoir une centrale d’oxygène. Cependant la tutelle pèche dans la gestion des ressources humaines. Ce matin encore, les agents des CTE étaient dans la rue pour fustiger le non-paiement de leurs primes de motivation depuis 10 mois.