En publiant « Billets de salon’’ en mi juillet, le journaliste Mame Gor Ngom, comme Odia avec ses caricatures ou encore Ibou Fall avec ses « Sénégalaiseries » est allé au-delà du factuel et d’une « certaine dictature de l’opinion » pour décrypter les « événements de février-mars 2021 » avec l’’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko, sans oublier la « gestion approximative » de la COVID 19 par les autorités du Sénégal, ainsi que les dégâts collatéraux de cette pandémie sur les Sénégalais. Diantbi.com vous propose cette interview avec ce brillant journaliste qui a été ancien rédacteur en chef des quotidiens sénégalais Le Matin, La Tribune, directeur de publication du quotidien La Cloche et rédacteur en chef adjoint d’Africa Check, la plateforme de factcheking (vérification des faits)…
Diantbi.com : Monsieur Mame Gor Ngom on vous connaît comme journaliste, quel est votre parcours académique et professionnel ?
Mame Gor Ngom : Je suis un produit de l’école publique sénégalaise, à l’image de la plupart de mes compatriotes. Après le primaire au village, le moyen et secondaire, à Bambey, je suis allé à l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Des études en lettres à la Section de Français jusqu’à la licence, avant de passer le concours du CESTI avec succès. Après le diplôme en journalisme, j’ai poursuivi des études en communication dans cette école mais aussi des études en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger.
Vous venez de sortir un livre intitulé « Billets de salon » préfacé par le rigoureux journaliste Ibrahima Bakhoum, quelle est la quintessence de ce livre et quelles ont été les motivations de la sortie d’une telle publication ?
En tant que journaliste qui se nourrit de faits, j’ai jugé nécessaire que les événements de février-mars 2021 étaient assez inédits pour mériter un livre. Les faits -les accusations de viols contre Ousmane Sonko et les événements inhérents à cette situation- ont été abondamment rapportés, racontés par la presse et sur les réseaux sociaux. Moi j’ai préféré utiliser des billets, un genre journalistique, pour aller au-delà des faits. C’est pourquoi, j’ai très tôt pris la plume comme, je le fis au quotidien, pour alerter, attirer l’attention des uns et des autres et mettre en perspective. De mon salon, en mode confinement, j’ai essayé de prendre de la hauteur pour aller au fond des choses et analyser froidement tout ce qui tourne autour de ce fameux salon de massage notamment la gestion de la pandémie du coronavirus, nos négligences et les imprévoyances de nos gouvernants.
On dirait que vous avez tenté de psychanalyser le Sénégal et les Sénégalais dans un style propre à vous ?
Psychanalyser, ce serait peut-être prétentieux pour moi de le dire. Les autres peuvent le saisir comme ça. Mais, j’ai essayé d’échapper à une certaine dictature de l’opinion, en allant au-delà du factuel ou en partant du factuel pour mieux ressortir les maux qui nous assaillent. Nos attitudes irresponsables et la gestion approximative du pouvoir de cette affaire et de la Covid-19. Avec mon style. Le style c’est l’homme, dit-on.
On note actuellement un certain manichéisme avec un Sénégal du bien et aussi un Sénégal du mal, d’une part le Sénégal avec ses tarikhas, gages de stabilité sociale, mais, en plus de l’affaire Adji Sarr, on voit que le pays de la Téranga est en train de changer de paradigme vers la violence verbale, physique et la banalisation de la bêtise comme cet étudiant qui est allé faire l’examen pour sa copine…
J’ai noté que cette crise de massage a révélé davantage nos travers que nous avons l’habitude de voir. D’ailleurs notre histoire politico-sociale marquée par des drames et des querelles, de petites querelles. On a connu mai 68, on a connu 88, 93 avec l’assassinat du juge Babacar Seye. On a connu le 23 juin 2011. Les événements de février-mars 2021, n’étaient dès lors qu’une suite logique. On n’a rien appris du passé. Ceux qui dirigent n’ont pas été à la hauteur.
Il y a eu le virus Ebola, mais aussi, vous évoquez aussi la pandémie de la Covid 19 dans « Billets de Salons »….
Le livre « Billets de salon » dépasse le cadre du salon de massage pour analyser tout ce qui tourne autour. C’est ainsi que la pandémie de la Covid-19 – et surtout sa gestion approximative par les autorités- est omniprésente dans l’œuvre. Ainsi que d’autres sujets, d’autres acteurs qui n’étaient pas forcément mêlés à cette histoire.
On a vu Odia vous croquer avec « Billets de Salon », quelles sont les perspectives de ce livre?
Odia est un grand ami et un éditorialiste de talent qui a joué sa partition dans la promotion du livre. Billets de salon, disais-je, analyse une histoire en cours. Une terrible histoire avec 13 morts et beaucoup de dégâts matériels et au-delà du matériel. Il est clair que nous continuons à suivre, à écrire, à décrire pour la postérité. Il y a le fond du livre, mais aussi, il y a la forme avec la possibilité de faire des présentations du bouquin dans beaucoup de sphères de la société. Les écoles de formation, le milieu scolaire, le milieu universitaire, les artistes, le monde de la culture. Il y a même l’idée se salon de réflexion que je vais mûrir et mieux la peaufiner.
Parlez nous un peu du hastag #miimréew
#miimréew Miim Rew,c’est une exclamation « Oh ce pays ! » avec ses sénégalaiseries, pour parler comme le grand journaliste Ibou Fall. Le Sénégal se montre souvent très paradoxal, un paradis de paradoxes.
Ça a l’air profofond. Ou peut on trouver le livre?