La ville de Touba, pour le temps du Magal, est le principal carrefour économique du Sénégal. Une étude évalue l’impact à 250 milliards F CFA.
Il est rare de voir sur le continent africain un évènement religieux qui a l’ampleur du grand Magal de Touba. Une période durant laquelle la ville sainte, fondée par le guide spirituel de la confrérie des Mourides, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, est le lieu de convergence pour toute la collectivité. Avec des millions de pèlerins venus de l’intérieur du pays tout comme de la diaspora. Et cela fait qu’elle devient le principal carrefour économique du pays. Pour un « impact évalué approximativement à 250 milliards de francs CFA », selon une étude réalisée en 2017.
« Elle avait été faite sur la recommandation des autorités religieuses de Touba. Constatant que l’un des piliers du Magal qui est le « berndé » (repas de réjouissance) occasionnait une forte consommation qui peut durer 6 mois voire un an avant le jour J », souligne le Pr Soulèye Astou Diagne l’université Alioune Diop de Bambey (Diourbel), invité de « RFM Soir ». Ainsi des enquêtes sur les pèlerins, les ménages, les dahiras, les transports, les institutions de transfert d’argent, le forail… avaient permis d’établir cette estimation. Où l’agroalimentaire occupe une part importante
Selon l’enseignant-chercheur, « les secteurs du commerce les plus touchés sont le bétail (plus 160 000 ruminants sacrifiés), le riz et tout ce qui participe à la cuisson des plats locaux, l’artisanat (menuiserie, maçon…) avec une forte demande de service, le transport où des dispositions particulières sont prises, le transfert de fonds sur les plans national et international : sur un échantillon de 3000 personnes, 16% déclarent avoir bénéficié de ce service pour en moyenne à 139 000 F CFA à 156 000 FCFA. Les opérateurs se retrouvent à près de 7000 transactions par jour. Cela fait des sommes astronomiques ».
En sus des marchés de proximité qui se créent à Touba. « Certains commerçants sont même obligés de renforcer leur personnel, parce que ça fonctionne 24 heures. La téléphonie, l’internet, l’agrobusiness avec tous ceux qui travaillent dans le maraicher, la volaille font également partie des secteurs qui tirent profit du Magal. Il y en a qui disent faire durant cette période leur chiffre d’affaires annuelles », confie le Professeur. Avant d’indiquer que les services publics comme la police, la gendarmerie, les sapeurs-pompiers, la Sénélec, la santé, la Sen’eau, l’Onas, qui déploient des équipes sur place cinq mois avant pour les préparatifs, contribuent à cette expansion économique.
Sauf que la cité religieuse ne profite guère de cette expansion économique. De ce fait, l’étude a fait des recommandations aux autorités religieuses et étatiques « pour voir comment mettre en place une batterie de mesures pour amplifier les effets du grand Magal sur l’économie sénégalaise ». Comme le renforcement de l’industrialisation. « Nous consommons beaucoup de biens et de services, malheureusement une grande partie est produite à l’étranger. Nous devons identifier des filières et secteurs d’activités qui trouveront leur origines à Touba et sa périphérie. Ou sur le territoire national ».
Il faudra également « des infrastructures routières, de la sécurité, un accompagnement de l’Etat pour le développement local avec de meilleurs services de santé. Ainsi que des chaines de logements qui puissent accueillir une certaine frange des pèlerins, qui pourront mettre leur pouvoir d’achat et cela va participer à la création d’emploi au niveau local. Le rapprochement des services étatiques de Touba permettra sa restructuration qui aura un impact sur les autres localités ». L’universitaire trouve que le Magal est « une ressource incommensurable sur laquelle le gouvernement doit jeter son dévolu en vue de le faire prospérer pour le bien être des Sénégalais ».
Ces chiffres doivent être vérifiés et surtout tracés. Cet évènement est devenu mondial mais malheureusement toute son organisation est basée sur l’informelle , les adiyas, l’argent qui circulent juste entre des personnes … tout sénégalais est fier de cet événement mais quelles retombées sur la ville de touba qui reste manquer d’eau , d’insalubrités, de structures …