Les principales victimes de l’énorme détournement de fonds à la banque Postefinances (plus d’un milliard de francs) étaient dans la rue ce jeudi pour se faire entendre.
Il y a un an, le gouvernement du Sénégal avait décidé de faire de Postefinances (une filiale de la Poste) une banque. L’objectif : « Accroitre le taux de bancarisation des populations, renforcer la collecte de l’épargne domestique à destination de l’investissement et offrir un support de consolidation des activités des institutions financières mutualistes ». Mais une mauvaise gestion avec un pillage des ressources va faire capoter le projet. Et aujourd’hui, ce sont les nombreux clients qui payent les pots cassés.
Depuis une année, ceux-là sont ballottés par Postefinances, qui peine à respecter ses engagements. Las de devoir toujours courir après leur argent, ils ont manifesté leur courroux ce matin devant la direction de la Poste sur le Boulevard de la République. Selon le président de l’Association des sociétaires des banques Famara Ibrahima Cissé, « il y a des difficultés énormes. Les usagers ne sont pas payés. Ils vivent le calvaire, parce que ceux qui sont à Ziguinchor, Kaffrine, Ndioum… sont obligés de venir à Dakar ».
En effet, les installations de la poste dans ces régions de l’intérieur du pays « n’ont pas de trésorerie ni de liquidité ». Pour Famara Cissé, « il faut que cette situation exécrable prenne fin ». Le porte-parole du collectif des clients, Abdou Magib Ba, parle d’une « maltraitance inédite » que la Poste est en train de leur faire subir. « Ce problème doit être réglée immédiatement et nous interpelons le Président de la République », souhaite-t-il. Avant de s’insurger face à ce qu’il considère comme l’arnaque : « On nous fait payer cher pour recevoir une attestation de non-engagement ».
A signaler qu’un détournement de fonds à hauteur de 1.5 milliard F CFA est à l’origine des difficultés de la banque Postefinances. Une affaire qui a fini sur la table du juge du Cabinet. Tout comme la détention de trois responsables de la structure en l’occurrence le chef de l’Agence principale de Dakar, le chef et caissier du centre financier. La justice a aussi épinglé une cinquantaine de personnalités, qui ont bénéficié de prêts. Elles sont obligées de rembourser les sommes dues dans un délai de 30 jours. Une décision du tribunal tombée la semaine dernière.