Dix-sept mois après l’annonce de sa relance par le chef de l’Etat, l’usine de fabrication de médicaments « MédiS Sénégal » attend toujours de reprendre ses activités. Le FONSIS s’explique.
MédiS, c’est « la seule usine pharmaceutique sénégalaise disposant d’un procédé complet de fabrication et de conditionnement de comprimés, de sirops et d’injectables, couvrant plusieurs domaines thérapeutiques avec des prix accessibles à la population ». Mais depuis janvier 2020, elle a cessé ses activités pour motif économique et ses 300 agents sont envoyés au chômage sans salaire ni prise en charge. Un calvaire que le Président Macky Sall avait décidé d’abréger en annonçant la reprise de l’entreprise par l’Etat. Cela faisait suite à l’apparition de la Covid-19.
Une instruction avait été donné au gouvernement de « prendre toutes les mesures nécessaires pour le redémarrage en urgence des activités de production de MediS Sénégal ». Mieux le chef de l’Exécutif ne s’était pas lassé (en Conseil des ministres courant juillet 2020, janvier, mars 2021) de faire des piqûres de rappel à ses collaborateurs Abdoulaye Daouda Diallo et Abdoulaye Diouf Sarr, chargés respectivement des finances et de la santé, devant parapher les deux conventions qui matérialisent les mesures d’accompagnement préconisées.
Après des mois d’attente, le syndicat des travailleurs n’avait pas manqué de se faire entendre en fustigeant les lenteurs. Une manifestation qui a eu un écho positif. Car, à la suite de cette sortie médiatique, Le Soleil (quotidien gouvernemental) annonçait que la relance des activités de l’usine de fabrication de médicaments était prévue avant la fin du mois de septembre passé. « L’État du Sénégal compte investir 5,5 milliards FCFA dans le capital de la société. À terme, MédiS devra produire 50% des médicaments consommés chez nous » informaient nos confrères de Hann.
Un rendez-vous manqué. L’échéance n’est malheureusement pas respectée par l’Etat. Les employés de MédiS vont devoir ronger leur frein. Ça va encore prendre un peu de temps pour le (re) décollage conformément à la volonté de souveraineté pharmaceutique, au programme de relance de l’économie nationale (PREN) et à la sauvegarde des emplois ordonnés par le Président de la République. En effet, le FONSIS (Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques), qui pilote le dossier avec quatre ministères (Economie, Santé, Finances et Industrie), est ralenti par une procédure lourde.
Son Directeur général Papa Demba Diallo s’explique au micro de RFM : « Nous avons travaillé pour arriver à définir un périmètre et des besoins. En tant qu’investisseur et instrument de l’Etat, nous avons pris le relais et avons initié des négociations avec l’entreprise. Mais une relance est extrêmement complexe. Il est plus facile de lancer une entreprise que de la relancer. Parce qu’il y a un existant et des pertes. Il faut mettre en place un plan de relance jugé et regardé dans tous les sens pour se donner le maximum de chance de réussite ».
Avant de poursuivre : « Un plan de relance suppose l’apport de ressources financières par l’Etat du Sénégal et une entrée au capital à travers le FONSIS (…) Après il faut un une stratégie et un cadre de gouvernance qui permettent de s’assurer que le plan de relance est implémenté. Dans le décaissement des ressources, il faut un plan de trésorerie pour que tout puisse être fait. A l’heure nous en sommes, il ne reste que deux points qui peuvent être soldés en deux ou même un jour… ». Sans donner une date exacte pour la réouverture des portes de MédiS.