Les entreprises de presse du Sénégal vont désormais pouvoir compter sur le fonds d’appui mis en place par le gouvernement. Pour (en principe) favoriser leur développement.
La loi du 13 juillet 2017 portant Code de la presse comporte des dispositions progressistes comme le fonds d’appui. Le ministère de la communication vient de lancer – depuis le 25 avril dernier – le processus de dépôt des dossiers pour l’éligibilité. « Une bonne initiative », selon le journaliste et ministre Abdou Latif Coulibaly. Mais, « ce n’est pas cela qui va développer les médias. L’information, c’est un produit commercial. Il faut que des capitalistes investissent dans la presse. Pour qu’elle soit structurée avec des modèles économiques, qui puissent permettre d’être libre et indépendante », précise-t-il.
Pour le secrétaire général du gouvernement, « on ne peut pas décider d’exercer comme privé et croire que quelqu’un d’autre va venir vous donner les moyens (…) Les meilleurs types de presse dans le monde se trouvent entre les mains des capitalistes. Les organes qui marchent sont ceux qui ont de l’argent. Parce qu’il y a un plan d’affaires derrière. La durée minimale pour équilibrer les finances d’une télévision est de 5 à 6 ans. Il faut dix ans afin d’espérer avoir des bénéfices. Et s’il n’y a pas d’argent comment payer les journalistes et faire de la production ? ».
Avant d’ajouter : « Est-ce normal d’avoir 20 quotidiens nationaux rien qu’à Dakar, alors qu’il y en a 6 aux États-Unis, une dizaine en France ? Cela pose un problème. Quand on parle de dénuement de la presse (au Sénégal), on pense aux bas salaires qui sont payés et à la rareté des ressources qui permettent une production de l’information conséquente. C’est parce qu’on croit que le modèle économique actuelle peut favoriser le développement de nos organes. C’est une illusion. La presse fait un boulot remarquable, mais il ne faut pas espérer que l’État va la sortir de ses difficultés ».
En plus aux moyens financiers et au management, le manque de qualité dans le contenu pose un autre problème majeur. « L’information est produite. Elle se cherche sur le terrain. Ce ne sont pas que les talk-show, les plateaux à longueur de journée en radio et télé, qui vont favoriser le développement. Il faut inventer des modèles économiques qui permettront d’avancer. Mais aussi être professionnel et rigoureux avec une bonne formation. Pour éviter de glisser au statut d’animateur à journaliste ou de journaliste à agent publicitaire. On doit encadrer et veiller à ce que les règles du métier soient appliquer et respecter », conseille Abdou Latif Coulibaly.
Pour lui, l’assainissement de la presse démarre en premier des salles de rédaction. Le nouveau code est un bon instrument, « mais le contexte et l’environnement des médias posent problème pour son application totale ».