Les sages-femmes ont déserté les salles d’accouchement pour envahir les rues de Dakar. Une marche de protestation contre leurs conditions de travail exécrables.
Spécialistes du suivi médical de la grossesse, les sages-femmes sont indispensables au moment de l’enfantement. Un instant crucial dans la vie des êtres humains. Pourtant, ce corps professionnel de la santé n’a pas toute la considération qu’il mérite. C’est la cinquième roue du carrosse. En plus de ce traitement dégradant, ces bonnes dames disent être abandonnées à leur propre sort, particulièrement au niveau des postes de santé, et assaillies dans l’exerce de leur fonction.
Pour preuve : « Chaque année les sages-femmes subissent des dizaines d’agressions souvent restés impunis. Après Aida à Kolda en 2020, Rokhaya à Sédhiou et Gnima Sagna à Joal, qui a failli y perdre la vie, en 2021. Cette année, nous avons enregistré deux nouvelles agressions à Diannah Malary et Bambali. Sans compter tous ces actes de violence passés sous silence, car elles ont peur d’en parler », selon la présidente de l’Association Nationale des Sages-femmes d’État du Sénégal, Bigué Ba Mbodji.
Cela a poussé les membres de l’ANSFES à sortir du mutisme pour crier fort leur détresse à travers une marche de protestation ce lundi. La Place de la Nation (Obélisque à Colobane) était le point de départ en direction du rond-point de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS). Cette sortie, qui a connu un succès, fait suite à la journée « maternité sans sage-femme » de la semaine dernière. C’était une manière pour elles de passer la vitesse supérieure et de se faire entendre par l’autorité sanitaire.
Hormis le problème de l’insécurité, d’autres revendications ont été soulevées comme : l’inégalité dans le recrutement, la fin des contrats à durée déterminée qui les renvoient sur le marché du travail à la fin de chaque projet, l’intégration dans la fonction publique, la sécurisation de l’emploi, l’application de la loi portant l’ordre des sages-femmes qui est déjà votée. Par rapport à ce dernier point, « la réglementation est nécessaire pour qu’on sache qui doit porter ce titre », indique Mme Bigué Ba Mbodji.
Pour que « les populations sachent que toute personne qui est appelée sage-femme a été formée, a les compétences nécessaires et sera disposée à accompagner les femmes enceintes et leurs nouveau-nés. De ce fait, les moments passés ensemble seront un bon souvenir. Parce que nous ne sommes pas des agents maudits », ajoute-elle. L’ANSFES espère ainsi que ses complaintes seront entendues et solutionnées. Pour éviter de voir les « blouses roses » déserter les maternités si rien n’est fait.