Incarnation du service public sénégalais, la Rts est divisée par une lutte de pouvoir à tous les niveaux. Au détriment de la qualité de ses ressources humaines et de sa pérennité.
Par Ousseynou Diallo
Maison de verre, la Radio Télévision Sénégalaise (Rts) craquèle en ce moment de toutes parts. Rattrapée par ses vieux démons et une guéguerre entre syndicats-maison (l’Intersyndicale Cnts-Synpics contre l’autre branche Synpics proche du DG, Racine Talla), l’institution vit des heures troubles. « La situation préoccupante de la Rts est la conséquence de la gestion de Racine Talla, couronnée d’imperfections, de manquements et de troubles », a expliqué Abass Sow, journaliste à la Rts et porte-parole de l’intersyndicale Cnts-Synpics, lors d’une conférence de presse le 29 juillet dernier. Mis en cause sur sa gestion de la boite, le DG Racine Talla a ses souteneurs : une bonne partie des agents du Triangle Sud qui loue ses résultats. Qui croire dans ce conflit «familial » ?
« Plus personne ne regarde la Rts maintenant et les journaux télévisés », avait encore tonné Abass Sow lors de sa conférence de presse. Fait-il référence à ces têtes d’affiche disparues du JT du 20H du jour au lendemain ? Oumou Baldé, devenue un moment l’icône de ce prime-time quotidien, assure maintenant le 20H du weekend et a été supplantée depuis par la très sérieuse Rouguiyatou Ba Ndiaye. Le tonitruant Ibrahima Diédhiou ne fait plus de JT du soir et fait de temps à autre des reportages. Cheikh Traoré a pris une disponibilité et devrait rejoindre incessamment la cellule communication d’une agence gouvernementale. « La situation dans la maison est compliquée et il y a une somme de frustrations », avoue un agent de la Rts, sous le couvert de l’anonymat.
Parmi les autres griefs listés sur le dos du boss de la Rts, par l’intersyndicale, figurent pêle-mêle le choix douteux du nouveau matériel technique estimé à 13 milliards FCFA, la clause de mobilité et les écarts sur les différentes catégories de salaires, les menaces d’affectation contre les agents récalcitrants sans compter la vingtaine de départs à la rédaction du journal télévisé ainsi que la mise au frigo de nombre de travailleurs de la maison. « Il y a une part de vérité dans les manquements soulevés par l’intersyndicale », confesse encore cet autre agent de la Rts, sous le couvert de l’anonymat.
En contrepartie, certains agents de la Rts, réputés proches du Dg Racine Talla, dénoncent « l’état d’esprit malveillant de dirigeants syndicaux en perte de vitesse et qui confondent la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs à leur propension maladive à nuire ». Perché sur ses certitudes et sur une partie de la maison acquise à sa cause, Racine Talla est constamment rappelé à son statut par l’intersyndicale : celui d’un Dg à la retraite depuis quatre ans et que seule la volonté présidentielle maintient en poste. Jusqu’à quand ?
En attendant, obligé d’assurer le service public, la Rts continue de laver son linge sale en direct. Et non en différé.