En détruisant le mythique bâtiment du marché Sandaga, l’édile de la commune du Dakar-Plateau a fait dans l’excès. Il aurait commis un délit en se référant aux dispositions de la loi de 1971 sur la protection des monuments et sites.
La démolition du bâtiment de Sandaga (classé patrimoine historique) continue de faire jaser. L’acte posé par le maire de la commune Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, est désagréable. La pilule est amère. Elle n’arrive pas passer pour certains acteurs de la vie sociale, qui considèrent cela comme un abus. Pis, « il s’agit d’un délit », selon l’architecte et ex-vice président du Conseil international des monuments et des sites, Mamadou Berthé invité du « Jury du Dimanche ».
Pour lui, « avant de toucher à une telle édifice, il faut avoir l’autorisation expresse dûment justifiée de la commission supérieure des monuments. Quand on a un patrimoine de cette valeur, on doit être précautionneux des mesures que l’on prend à son endroit. Ailleurs lorsqu’un monument est en péril, on fait tout pour le garder au moins comme il est et le tenir stable. Dans ce cas, les experts ont démontré que le bâtiment de Sandaga ne menaçait pas ruine ».
Avant d’insister : « La mairie de Dakar-Plateau a commis un délit même si c’est sa propriété. Cela est stipulé dans la loi de 1971 qui statue en terme de protection des sites et monuments. Et ce qui fait mal c’est la désinvolture avec laquelle cette affaire a été traitée. Les gens n’étaient pas réceptifs à ce qu’on disait parce qu’ils avaient envie d’aller vite. Du point de vue de l’histoire de l’art, ce bâtiment n’a pas de prix. C’était un chef-d’œuvre dont nous avons hérité. Il était inestimable ».
La question autour de l’ « appartenance légale » du marché que se disputent le Plateau et la ville de Dakar serait un faux débat. Le bâtiment de Sandaga estampillé patrimoine historique, cela lui confère « une protection de très haut niveau à tel enseigne que même son propriétaire n’a pas le droit d’intervenir dessus comme il veut à plus forte raison de détruire ». Ce qui interpelle, c’est « l’attitude que nous avons par rapport à nos legs de cette importance ».
En clair, pour Mamadou Berthé, le problème va au-delà de la querelle, par presse interposée, entre Saham Wardini et Alioune Ndoye. « Ce bâtiment appartient à toute la communauté, à toute l’Afrique (…) Comment peut-on détruire de façon désinvolte une édifice si chargé du point de vue culturel et historique. C’est triste pour le pays (…) Les conclusions des rapports techniques qu’on a vus ne disent pas de démolir. Il y a peut être d’autres enjeux qu’on ignore ».
Le mal est fait. Cependant il ne peut pas rester impuni. Ainsi, souligne l’architecte, « n’importe quel citoyen est fondé à ester en justice pour la perte de ce bâtiment (Sandaga). Est-ce qu’il faut laisser passer ? Celui qui détruit un patrimoine de cette nature doit répondre de ses actes ». D’ailleurs, au Mali, des citoyens sont actuellement poursuivis par la CPI (Cour Pénal International) pour avoir saccager des monuments classés à Tombouctou.
Pour la petite histoire, « le premier plan de Dakar fait par Pinet-Laprade en 1862 avait identifié une zone pour un marché, attribué à la ville de Dakar comme entité territoriale avec son pouvoir. Elle a voté un budget et a réalisé le premier équipement (Sandaga). Il a été inauguré en avril 1935 par le maire Armand Angrand. Le bâtiment était réalisé dans un style nouveau très original que le Président Léopold Senghor avait baptisé de soudano-sahélien » informe Mr Berthé.
Thii deukou thiow laniou nek
Vraiment on ne sait pas à quelle vérité se fier. Sénégal deuk bou doye war leu.