Après 45 ans d’existence, la SAPCO ne répond toujours pas aux attentes, qui sont de développer le tourisme au Sénégal. Du fait d’une gestion calamiteuse.
La Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO) a pour objectif fondamental de créer, développer et promouvoir le tourisme. « Avec un capital de 1.2 milliard francs CFA détenu à 98,75% par l’État ». Au bout de 45 années d’existence, elle peine à jouer un rôle prépondérant dans l’économie nationale. La conséquence de mauvaise gestion à répétition. Un malaise que manifestent les employés, qui étaient encore dans la rue ce lundi pour réclamer des arriérées de salaire et de meilleures conditions de travail.
« Depuis près d’un an que le nouveau directeur est installé, la SAPCO traverse des difficultés qu’on ne peut expliquer », regrettent-ils. Avant de lancer : « C’est trop. Et on ne peut pas croire que le président de la République n’est pas au courant ». Mais Amadou Mame Diop, qui détient les clés de la structure, se dédouane de toute responsabilité dans cette situation compliquée. « J’ai trouvé une société avec des difficultés. Je ne vais pas entrer dans les détails, je ne veux revenir sur la gestion antérieure. Ma mission, c’est de la redresser », indique-t-il.
Un aveu de taille. Les racines du mal sont bien ancrées. Les ennuis à la SAPCO remontent au régime socialiste. En effet l’ex-PDG Ndiouga Sakho, lorsqu’il prenait ses fonctions en 2001, disait « avoir trouvé une société dans un état peu reluisant, qui comptabilise des dettes extrêmement importantes au niveau fiscal et social, sans compter tous les contentieux pendants devant la justice. On a du travail à faire. Il faut d’abord stabiliser l’existant qu’est la station de Saly et envisager d’autres projets pour l’avenir ». Après une décennie aux commandes, le bilan est plutôt désastreux.
La SAPCO était, à la limite, la vache à lait des pontes du parti démocratique. Ils profitaient des amabilités du directeur général (neveu du Président Wade), qui était épinglé par un audit du Cabinet BSC pour des marchés de gré à gré. En plus des griefs des populations locales lui reprochant « d’enfreindre les traditions, les valeurs culturelles avec de l’insolence et de l’arrogance ; d’avoir agressé, blessé, spolié les habitants de Petite Côte dans leur terroir ; d’avoir empêché à nos jeunes d’y travailler, en les obligeant à s’exiler ; d’avoir abîmé et violé le domaine public maritime ».
Pis, « la location mensuelle des terrains attribués aux particuliers en vigueur sous les socialistes a été multiplié par 10. Le pactole ramassé plutôt que de servir à améliorer le cadre de vie serait allé gonfler les comptes du PDS et des acolytes de Wade. Pas d’assainissement des cités à habitations privées ni d’éclairage public ni de rue ni d’égouts. A cela s’ajoute la spéculation foncière qui amène des « long bras » à se faire attribuer des terrains qu’ils se contentent de clôturer et d’attendre le bon moment pour les revendre à prix d’or. Une véritable escroquerie ! », fustigeaient les habitants de la Petite Côte.
La SAPCO aura du mal à se remettre de ce pillage. Malgré le changement de directeur avec l’arrivée du Président Macky Sall en 2012. Un ancien des ministères de l’Éducation et de l’Enseignement technique, Paul Faye, est promu mais au bout de deux ans la mission d’audit de l’inspection des affaires administratives et financières du ministère du tourisme constaté de graves manquements d’attributions de terres de la société. « Le directeur a immatriculé au nom de son épouse, ses trois enfants, son chauffeur et autres parents des terrains situés dans le domaine de Saly et ses environs ».
Pris la main dans le sac, le DG avait justifié son acte par le fait que son prédécesseur s’adonnait à cette pratique. Scandaleux. Il est relevé de son poste. Depuis, Bocar ly (2014), Me Aliou Sow (2018) et récemment Dr Amadou Mame Diop (2021), qui se sont succédés à la tête de la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO) n’ont pas réussi à remonter la pente. A gouverner convenablement l’espace littoral du pays qui s’étend sur 700 km (Saint-Louis à Ziguinchor).