L’homme d’affaires Khadim Ba, DG de la compagnie Ouest-Africaine de crédit-bail Locafrique, opte pour la confrontation avec la Société Africaine de Raffinera (SAR).
Le torchon brûle entre la Société Africaine de Raffinerie (SAR) et l’établissement financier Locafrique, qui est actionnaire à 34%. Ils seront prochainement devant la Cour d’appel de Londres à la suite d’une plainte de l’investisseur Khadim Bâ, pour le non-respect d’engagements et d’un dû. « Dans les contrats entre la société Locafrique, les partenaires de cette dernière et la SAR, il y a des articles qui disent qu’en cas de litige sur l’approvisionnement en produit pétrolier, on peut saisir une juridiction d’un commun accord désigné », indiquent les avocats du plaignant.
Face à la presse ce mercredi, ils ont dit attendre que le différend soit tranché en faveur de leur client en condamnant la plus ancienne raffinerie de la zone Ouest du continent africain à rembourser la somme de 170 milliards F CFA. Après avoir été déboutée par le tribunal de commerce de Dakar pour une dénonciation d’abus de minorité portée contre la société Locafrique. « Les prétentions ne sont pas fondées », souligne Me Assane Dioma Ndiaye. En effet, elle s’oppose à une recapitalisation de la SAR qui vise à faire disparaître l’actionnariat sénégalais du capital. Au profit des étrangers.
La fin d’une idylle de quatre années. C’est en 2017 que le jeune Khadim Ba (38 ans), capital-risqueur, avait décidé d’entrer dans le monde des hydrocarbures – un domaine qu’il connaît parfaitement – en rachetant les parts de Saudi Bin Laden Group à la SAR (15 milliards F CFA). Malgré l’importance de son apport (financier), il n’a pas un droit de veto. « On veut lui forcer d’accepter la recapitalisation en allant chercher de l’argent ailleurs, et que la SAR sera obligée de payer. Cela participe à plomber la dette, que vont supporter les actionnaires et l’État », selon le journaliste Cheikh Yérim Seck.
Ce dernier de marteler que « c’est une aberration, car la SAR a besoin de 60 milliards F CFA, et elle a un bien (terrain) qui vaut 115 milliards F CFA, un actionnaire demande de le mettre dans le fonds de la société pour avoir de l’agent, on décide de ne pas le faire et on va emprunter 350 milliards F CFA… En recapitalisant la SAR, les actionnaires locaux vont sauter. Comme Locafrique qui détient 34 % et ses parts seront vendu à Sahara Energy Resource LTD du Nigéria ainsi qu’à une société des Émirats Arabes Unis. Cela veut dire que le pétrole, en grande partie, va nous échapper. Alors qu’on a aucune obligation de le faire ».
Voilà le soubassement de la résistance de Locafrique qui décide d’attraire la Société Africaine de Raffinerie à la barre pour solder leur compte. Le chroniqueur de « Jakarloo bi » sur la TFM estime : « Notre problème est qu’à chaque fois que des Sénégalais investissent, ils sont combattus. Alors que de 2018 à 2019, Khadim Ba a levé 250 millions de dollars US (144 milliards F CFA) qui permettait à la SAR de fonctionner. En 2019, à la veille de l’élection présidentielle, le Sénégal était en rupture de brut, c’est lui qui a payé 20 millions d’euros (13.1 milliards F CFA) pour qu’il ait du carburant dans le pays ».
Pour lui, « quelqu’un comme ça, on le renforce ». Et de mettre en garde : « En éliminant Locafrique, le secteur du pétrole nous échappe totalement. Ce sont des Nigérians et des Émiratis qui vont détenir le capital de la SAR et se chargeront de raffiner notre pétrole. Par conséquent, si on se retrouve en panne sèche, ne soyons pas surpris. Il faut créer des champions nationaux, sans cela il vaut mieux renoncer à l’ambition de se développer ». Ainsi, lors du point de presse, les avocats ont appelé le chef de l’État Macky Sall à se prononcer sur cette affaire pour « éviter la liquidation d’une entreprise nationale ».