Le gouvernement et les syndicats d’enseignants ne se sont entendus sur rien lors de leur rencontre ce mercredi. Ce qui laisse présager une année scolaire 2021-2022 mouvementée.
Les élèves reprennent le chemin des écoles ce jeudi, après trois mois de vacances méritées. C’est reparti pour un autre année académique. Mais le gouvernement et les éducateurs ne leur garantissent pas un enseignement scolaire dans un climat paisible. La rencontre entre les deux parties (ministre des finances, accompagné de ses collègues de l’Urbanisme ainsi que du travail, et l’intersyndicale « G7 »), à la veille de l’ouverture des classes, a une nouvelle fois accouché d’une souris. « Après la lecture des éléments de bilan qu’ils nous ont présentés, nous avons constaté qu’il n’y avait absolument pas d’avancée » indique El Hadji Malick Youm du SAEMS, invité de « RFM Soir ».
Avant d’ajouter : « Par rapport de la mise en œuvre des accords, on se rend compte que la question nodale, qui est la revendication phare sur laquelle nous nous sommes entendus avec le gouvernement, n’est pas réglée. Elle porte sur le nouveau système de rémunération. Le ministre des finances nous a annoncé qu’elle n’était pas de ses compétences, c’est au ministre de la Fonction publique de la matérialiser. Alors que ce dernier nous avait dit avoir fini de faire ce qu’il fallait et que le rapport était entre les mains du Président de la République Macky Sall. Sur les autres points, le ministre nous a fait qu’un état des lieux ».
Ce qui fait croire au secrétaire général adjoint du syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire à un manque de volonté de la part de l’Etat. « Nous ne sommes pas en train de négocier, il s’agit du monitoring des accords. Cela veut dire que c’est un dispositif qui est mis en place et qui doit opérationnaliser les accords sur lesquelles le gouvernement s’est entendu avec les syndicats. A partir de ce moment toute tentative de remise en question devient une démarche contradictoire. C’est pourquoi nous ne sommes pas en phase avec le ministre, parce que nous voyons qu’il y a un louvoiement éternel et une tentative de renvoyer au calandre grec cette revendication chère aux enseignants du Sénégal ».
Tout en rappelant que « Au niveau de la fonction publique, on paie le diplôme. L’enseignant est parmi les agents les plus diplômés, malheureusement du point de vue du traitement salarial, il subit les rigueurs de ce système frappé d’une grande iniquité. Et le chef de l’Etat n’y apporte pas de solutions concrètes ». Et de souligner : « Nous sommes repartis de cette rencontre avec un sentiment d’insatisfaction totale. D’autant plus que les syndicats ont attendu pendant deux ans. Le système a été pacifié parce qu’il n’y a pas eu de grève. Nous nous sommes investis considérablement pour permettre de résister à la Covid-19 avec une force de résilience avérée et une amélioration des résultats des examens ».
A l’en croire, le gouvernement fait dans le dilatoire. « Parce que tout ce qu’on nous a dit, nous l’avons déjà entendu. Quelques points sur lesquels on semblait avancer ne sont que des promesses. On nous sert la même rengaine. Le ministre de l’Urbanisme est sur la même lancée que son prédécesseur et le ministre du travail dit qu’il y a un passif qu’il ne peut immatriculer à l’IPRES. Cela nous pousse à rendre compte à la base et ça laisse augurer d’une reprise qui se fera dans une situation où il y a de l’adrénaline en l’air. Nous avons accepté de faire beaucoup de sacrifices… Le secteur de l’Education est l’investissement le plus sûr pour mettre le pays sur les rampes du développement, alors qu’il est relégué au second plan ».
En conséquence, le « G7 » est obligé de renouer avec la lutte syndicale pour amener le gouvernement à respecter ses engagements. El Hadji Malick Youm de réitérer : « Nous demandons un système de rémunération juste et équitable, la sortie de nos actes d’administration à temps et le paiement des dettes antérieures (rappels) que l’Etat doit aux enseignants qui font aujourd’hui plus de 100 milliards F CFA. Alors que nous assistons à des dépenses de prestige qui sont en train d’être effectuées dans d’autres secteurs ». Tout comme les 30 milliards F CFA prévus pour la confection de tenues scolaires. « Une question réglée depuis 2008 avec un système d’autofinancement ».