Le sélectionneur des Lions du football, Aliou Cissé, était face à la presse ce matin. A l’occasion de la publication de la liste des joueurs sélectionnés pour les matchs contre le Togo et le Congo (respectivement 1er et 7 septembre) dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Le technicien est revenu sur ses choix, l’enjeu de ces matchs et a abordé d’autres questions qui touchent la Tanière.
Sur le choix des 25 Lions
« Nous avons retenu 25 joueurs. Le mois dernier, je vous avais expliqué que les matchs les plus difficiles à préparer, ce sont ceux de fin de saison parce qu’il y a beaucoup de temps de jeu, nos garçons arrivent souvent fatigués, et du début de saison où il y a une catégorie de joueurs qui sont sans club ou attendent de signer quelque part. D’autres sont en retour de blessure ou ont changé de club et il faut qu’ils s’adaptent à l’environnement de leur nouvelle équipe. C’est pour dire qu’une liste est difficile à confectionner. Ce qui est normal et tous les techniciens sont dans ce cas. Maintenant dans ce groupe, il peut avoir des mouvements parce qu’il y a des joueurs qui sont incertains. Nous ferons le point lundi, voir leur état de santé et physique. S’il y a des défections parmi les 25, nous appellerons d’autres. »
Planning de préparation et libération des joueurs
« Nous n’aurons pas beaucoup de temps de préparation. La pandémie nous impose cela. Récupérer les joueurs la veille du premier match (contre Togo), ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Comme c’est une qualification en Coupe du Monde qui est en jeu, il y a des efforts et des sacrifices à faire. Si nous vouons faire partie de ce gratin de pays qui représenteront l’Afrique, cela a un prix. Il faut que nous soyons capables de le payer, il n’y aura pas d’excuses. Nous avons une équipe qui, dans sa grande majorité évolue ensemble depuis un bon bout de temps. Elle a une expérience collective, elle a joué des compétitions. Je ne dis pas que la préparation n’est pas importante, mais nous devons nous baser sur ce que nous avons fait depuis quelque temps pour aborder ces matchs à venir. Pour ce qui est de la libération des joueurs, je n’ai plus envie d’en débattre. Ce problème doit cesser. Il faut que les clubs (européens) respectent notre football, notre confédération. L’Afrique a son mot à dire… Souvent un entraineur t’appelle pour te dire si le joueur peut jouer le premier match et être dispensé du deuxième. On est où là ? J’espère que Liverpool va libérer Salah qui doit jouer pour son pays (Egypte). Quant à Sadio, le problème ne se pose pas. »
Problème au niveau des latéraux
« Pour ce qui est des latéraux, c’est vrai qu’il y a la possibilité de jouer sur la polyvalence de certains joueurs. Ibrahima Mbaye est avec nous. Comme je le disais une liste est toujours difficile à faire. Il y a des joueurs incertains parce qu’ils reviennent de blessure et reprennent petit à petit. S’il y a nécessité de se renforcer, nous le ferons sur ce poste, parce que nous avons ciblé d’autres garçons sur le plan local. Concernant Mountarou Baldé (Teungueth FC), c’est moi qui lui ai donné sa première sélection quand j’avais l’équipe nationale olympique. Donc je le connais très bien. J’ai vu sa progression. Nous le suivons depuis longtemps, s’il doit venir, il viendra. Il n’y a aucun soucis. »
Absences de Keïta Baldé, Sabaly et Gassama
« Diao Keita Baldé fait partie des joueurs qui sont en transition, c’est-à-dire qui s’entrainent avec un préparateur physique et ne sont pas en compétition, ne font pas les petits jeux. C’est bien de travailler seul, mais il est plus important d’être dans un collectif. Ce qui n’est pas le cas pour lui depuis le début de la saison. Je l’ai eu par téléphone et il m’a dit que Valence est sur lui. Nous souhaitons que cela se concrétise. Nous avons besoin de Diao Baldé quand il est à 100%. Il est intéressant et fait partie de l’histoire de cette équipe nationale, mais il doit être compétitif pour pouvoir revenir. C’est la même chose pour Lamine Gassama. Nous espérons que sa situation va se régulariser d’ici une semaine, qu’il va signer un contrat quelque part. Youssou Sabaly, on lui souhaite de guérir vite. J’ai entendu deux puis trois mois d’indisponibilité. Je croise les doigts en espérant pouvoir le récupérer avant la CAN, parce que c’est un joueur intéressant qui chemine avec le groupe depuis trois à quatre ans. Il a fait la Coupe du Monde en Russie (2018), la Coupe d’Afrique où il était parmi les meilleurs latéraux. C’est une valeur sûr de cette équipe nationale comme Sadio, Kalidou, Ismaïla… Prions pour lui. Je crois qu’il sera avec nous au Cameroun. »
Cas de Krépin Diatta et Nampays Mendy
« Krépin Diatta (blessé) est dans la liste parce que nous avons deux matchs à jouer. Même s’il n’est pas sûr qu’il soit disponible pour le premier match, mais nous comptons l’avoir pour le second. C’est pour cela que j’ai tenu à ce qu’il soit là. En plus, on va pouvoir faire constater sa blessure par le staff médical. Concernant Nampalys Mendy (en manque de compétition), tout le monde connait ses qualités. Maintenant, la concurrence existe en club. Pour moi, ce qui est important est que le joueur soit déjà prêt physiquement et en bonne santé. Après on peut s’entrainer normalement, faire de petits jeux, des matchs amicaux et que l’entraineur porte son choix sur un autre joueur. Mais cela n’enlève en rien les qualités de Nampalys. C’est vrai que j’aurais aimé qu’il ait du temps de jeu. Il est en train d’y travailler pour aller dans un autre club ou convaincre son entraîneur de lui en donner. Il a le talent pour évoluer dans n’importe quel club ou championnat du monde. »
Dates des deux premiers matchs (1er et 7 septembre)
« Ce ne sont pas les meilleures dates, cela est clair et net. C’est trop proche de la prochaine journée des championnats européens. Nous avons des joueurs qui ont match le samedi, d’autres le dimanche. Ils n’arriveront que lundi voire mardi (en regroupement). C’est à nous de nous adapter. Cette pandémie (covid-19) et la gestion administrative des protocoles sanitaires y sont pour quelque choses. Il y a aussi l’heure du match contre le Togo (16h). Cela est peut-être du à la panne d’électricité la dernière fois (contre Zambie en amical le 5 juin dernier). Il faut s’adapter en attendant d’avoir le grand stade de Diamniadio pour accueillir cette équipe du Sénégal dans les conditions optimales. »
Enjeu des éliminatoires du Mondial 2022
« Comme l’a dit le président de la fédération, la Coupe du Monde est un objectif majeur. Est-ce que le Sénégal peut se qualifier ? Je réponds par l’affirmatif. Je vais même plus loin en disant que nous devons nous qualifier. Mais les éliminatoires dans la zone CAF sont très difficiles. C’est à nous d’avoir la personnalité et le caractère au moment nécessaire pour pouvoir les aborder et aller au bout. Le Sénégal a un statut et il faut le montrer sur le terrain. Les joueurs, les staffs technique et médical, l’intendance, le team manger, tout ce monde doit prendre conscience que nous sommes en mission pour le peuple sénégalais et notre football. Une qualification pour un deuxième Mondial consécutif nous permet d’évoluer… Il y aura des adversaires qui viendront payer chèrement leur peau. C’est à nous de faire le travail, de réussir cette mission. Nous en avons les qualités. Ce sera un combat de titans. Les plus forts iront au Qatar. Par ailleurs, ça pose le problème du nombre de qualifiés pour l’Afrique. Nous avons 10 à 12 équipes capables de représenter le continent. La formule de compétition pose aussi problème. Deux tours éliminatoires et des poules de 4 pour la qualification, c’est compliqué. »
Regard sur le prochain adversaire Togo
« Le Togo, c’est une équipe en construction qui vient de changer d’entraîneur avec l’arrivée de Paolo Duarté. Nous le connaissons, il était au Burkina Faso. Je l’entend souvent parler de l’équipe du Sénégal. Il nous a souvent porté chance. Nous l’attend ici de pied ferme parce que c’est important pour nous de passer. Claude Le Roy a fait un excellent travail au Togo, maintenant on ne sait pas si le nouveau sélectionneur va rester sur les acquis tactiquement ou apporter sa touche personnelle. Après tout, ce qui est important ce n’est pas le Togo ou le Congo, l’essentiel c’est nous. Les ingrédients que l’équipe soit capable de mettre dans le jeu comme elle l’a fait au mois de juin passé. J’ai beaucoup aimé cette première période contre la Zambie et la seconde contre le Cap Vert. Il y a eu des choses intéressantes à confirmer. Nous tenons quelque chose et nous ne pouvons pas aller en deçà. C’est-à-dire l’intensité, être fort dans a récupération du ballon, respect des replacements et l’agressivité. Ces deux victoires (contre Zambie et Cap Vert) ne sont pas à négliger. Car dans le haut niveau, il faut gagner et toujours gagner. Nous devons nous concentrer sur ce que nous avons à faire. Ce qui n’avait pas marché la fois dernière nous donne des pistes d’amélioration. »
Des binationaux qui frappent à la porte
« Pour Papa Guèye (Olympique de Marseille), je n’ai pas lu ou entendu dire qu’il voulait jouer pour le Sénégal. Mais je suis rentré en contact avec lui, il y a deux ou trois mois. Là on est en début de saison, son club a un nouvel entraineur, je n’ai pas voulu chambouler sa progression. Il y a d’autres matchs à la CAN ou les éliminatoires Coupe du Monde. J’ai aussi eu à communiquer avec Sofiane Diop. Nous sommes en train de le suivre. J’ai discuté avec son père, un homme exceptionnel, un vrai Sénégalais. Je suis sûr et certain qu’il poussera son fils à venir défendre le maillot national. Il y a une semaine j’avais lu qu’il avait opté pour le Maroc même s’il n’est pas sélectionné. Actuellement, il est avec les espoirs de la France… Nous renouerons encore le contact avec ces garçons. Ils sont nombreux, mais pour le moment nous restons dans la continuité des matchs du mois de juin. »
Transfert Pape Matar Sarr à Tottenham
« C’est un joueur pétri de talent. Je l’ai dit et je le répète, il faut lui laisser le temps de s’aguerrir, de s’adapter au football de haut niveau. A Tottenham, c’est un bonne progression pour lui, un bon club. Nous allons suivre ça et voir comment il va entrer dans cette équipe nationale. S’il arrive à adhérer au plan du jeu, à comprendre ce qu’on est en train de faire, il apportera énormément comme d’autres l’ont fait avant lui. »
Poule de la CAN 2022
« Comme chaque tirage, on parle de poule facile, difficile, jouable ou piégeux. Les 24 équipes qualifiées pour cette CAN au Cameroun connaissent leurs adversaires du premier tour. C’est maintenant à nous d’analyser nos adversaires, les étudier et d’y mettre beaucoup de sérieux. La Guinée est un pays de football avec un bon potentiel, beaucoup de joueurs qui jouent à l’extérieur. C’est l’occasion de la rencontre entre Sadio Mané et Naby Keïta (coéquipiers à Liverpool), mais également entre Kaba Diawara et moi. La Guinée a fini deuxième de sa poule de qualification derrière le Mali. Elle n’a perdu qu’un match contre la Namibie. C’est un adversaire redoutable à prendre au sérieux. Le Zimbabwe ont connait aussi. Nous l’avons joué en 2017. Il a un potentiel intéressant. Il est arrivé aussi deuxième derrière l’Algérie qui ne l’a pas battu. Cela démontre la qualité de cette équipe. Une des meilleures d’Afrique australe. Ce sera notre premier adversaire et c’est toujours important de bien entrée dans la compétition. Le Maliwi, s’il est là ce n’est pas un hasard. »