Avec le décès de son papa, Double Less, Balla Gaye 2 perd une boussole et devra se réinventer pour le reste de sa carrière sans ce fidèle allié.
« Mon père était mon ami, mon confident, il me disait toujours, Balla certes tu n’es pas mon fils aîné, mais ta posture peut dire beaucoup de choses, suis les conseils de ton grand frère Malal et garde bien le patrimoine que je vous ai laissé ». Quel patrimoine Double Less a-t-il donc laissé à sa progéniture dont Balla Gaye 2 ? Sans doute un immense palmarès dans la lutte sénégalaise et olympique. Et un legs fait de valeurs cardinales. « Mon père était un homme droit, véridique et ouvert d’esprit », a raconté le Lion de Guediawaye au lendemain de l’enterrement de Double Less, décédé dimanche dernier des suites d’une longue maladie.
Balla Gaye 2 entame une nouvelle vie. Une nouvelle carrière sans l’ombre de son protecteur de père. Ce dernier savait défendre son fils dans ce milieu de la lutte sénégalaise si cruelle. Double Less savait monter au créneau pour choisir pour Balla combats et cachets. A l’époque, Less n’avait pas hésité à défier les promoteurs sur la valeur de Balla Gaye 2. « Balla Gaye 2 ne luttera pas pour moins de 130 millions », avait-il assené à son monde alors que son fils venait de s’emparer du titre de roi des arènes après avoir battu Yekini en 2012. C’était ça Double Less : une voix autorisée et autoritaire qui parlait pour son fils. Et qui savait également être dur avec lui. Faisant souvent montre d’objectivité pour remonter les bretelles à Balla Gaye 2.
Balla Gaye 2 s’avance dans les mois à venir vers des combats chocs où il défiera Bombardier, Boy Niang, Gris Bordeaux et Eumeu Séne. Autant dire la quasi totalité des ténors actuels du « Sport de chez nous ». Un ultime défi dans la carrière de l’enfant de Golf Sud. L’ombre de son papa planera-t-il lors de ces affiches ? Il s’est dit à un moment que n’eut-été sa maladie, Double Less aurait certainement pesé sur la décision de son rejeton de prendre tous ces combats à risque en même temps. Nombre d’observateurs parient que l’ancien champion de lutte des années 70-80 aurait trouver meilleure formule. « Balla Gaye n’a plus rien à prouver dans l’arène. Mon rôle est de l’accompagner dans ses décisions », avait confessé un jour Double Less alors qu’il lui était posé la question sur la gestion de la carrière de son fils. Avant de lâcher : « Je suis impliqué dans tout le processus. Les promoteurs peuvent les (Balla Gaye 2 et son frère, Sa Thiès) contacter directement pour parler des adversaires. C’est après qu’ils viennent me voir pour discuter des cachets et autres. J’ai toujours une emprise sur leurs carrières ».
C’est un secret de polichinelle : Double Less avait également la main mise sur la préparation mystique de Balla Gaye 2. Un moment, des différends ont surgi entre le père et le fils. Less tenait à ce que son fils respecte la tradition familiale de venir se ressourcer à la veille de ses combats à Malifara, leur village ancestral en Casamance. Balla, qui avait tissé de nouvelles relations au fil de sa carrière ascendante, s’était quelque peu détourné des conseils paternels. Tout avait fini par rentrer dans l’ordre. Dernièrement, le Lion de Guediawaye a semblé même confié l’aspect mystique de ses préparations à Aziz Ndiaye et son frère Baye Ndiaye. Mais l’ombre tutélaire de Double Less n’était jamais loin malgré la maladie. Jusque dans l’arène où le père était toujours le dernier a formulé des prières à son fils. « Pour ce qui est du mystique, je me lève dès qu’ils ont un combat pour aller solliciter des prières. Je le ferai jusqu’à mon dernier souffle », racontait Double Less. Il a tenu parole.