Au lendemain de son limogeage, le désormais ex-sélectionneur des Lions du basketball Boniface Ndong livre sa part de vérité. Le technicien raconte l’histoire de A à Z qui a conduit à ce divorce avec la Fédération.
« J’avais décidé de ne pas répondre mais par respect pour les hommes et femmes qui avaient placé leur confiance en nous et pour leur estime, mais aussi vu les contre-vérités qui sont en train d’être diffusées, je me dois d’apporter des éclaircissements par rapport à notre gestion de l’équipe nationale masculine de basketball et par rapports aux conditions dans lesquelles nous avons mené notre mission. Conscient que tous les propos qui ont eu à être donnés n’ont eu pour but que de me dénigrer, de ternir ma réputation. Vu le silence de tous les membres de la délégation en particulier le directeur technique national Moustapha Gaye, le manager général Malèye Ndoye et mon assistant Mamadou Guèye « Pabi », j’ai décidé de relater ce qui s’est passé Durant cette campagne.
Après que le président Babacar Ndiaye m’ai dit que le ministère des Sports ne pourrait payer que cinq jours de préparation, le vendredi 20 Mai 2022 j’envoie un programme de préparation pour les fenêtres d’Alexandrie á Moustapha Gaye et Malèye Ndoye : convocation des joueurs la mardi 21 Juin, entraînement les 22-23-24-25, repos le 26, entraînement le 27, départ pour Alexandrie le 28 ou 29 selon la durée du trajet. Comme d’habitude après plusieurs relances au sujet des billets d’avion pour les joueurs et moi, le 17 Juin il m’envoie finalement mon billet avec les mauvaises dates : Je quitte Denver le 21 Juin à 12h heures locale pour arriver le 22 Juin à Dakar à 12h:11 mn. Je suis sorti de l’aéroport (AIBD) vers 15h après plus de 21h de voyage alors que le premier entraînement était pour 18h:00.
Quand je me suis plaint auprès de lui (président de la FSBB), il me dit qu’il n’y avait pas de vol le jour d’avant et qu’il avait fait des efforts importants pour payer 7.000.000 de F CFA pour mon billet. Je lui dis que si c’est vous qui payez pourquoi ne l’avoir pas acheté plus tôt pour économiser de l’argent ? Il n’a jamais répondu à ma question. Je suis venu avec un entraîneur de Denver pour m’aider dans la préparation des matchs avec l’autorisation de la Fédération et il a eu le même billet que moi. A Dakar Malèye me fait savoir qu’il a eu des échos que le groupe allait être divisé en deux pour rallier Alexandrie. Je lui dis que je ne voudrais pas que les joueurs soient séparés et c’est ainsi qu’on a effectué un trajet Dakar-Casablanca-Istanbul-Doha-Alexandrie. Mon itinéraire initial était Dakar-Istanbul-Alexandrie.
Arrivé a l’aéroport de Diass, je demande à Malèye mon nouveau billet que je n’avais pas encore reçu et je me rends compte que nous avons une escale de 9h de temps à Casablanca. Je leur demande s’il est prévu de mettre les joueurs dans un hôtel, la réponse était NON. Après un appel téléphonique de Malèye et Tapha, le président donne son feu vert pour loger les joueurs durant l’escale. Mais avec cette décision tardive, trouver un hôtel à Casablanca fut très difficile. Le problème se pose à Istanbul quand la compagnie aérienne Turkish Airlines refuse de nous laisser embarquer vers 1h:30 du matin par défaut de visa (à rappeler que certains membres de la délégation sont arrivés á l’aéroport de Diass la veille vers 23h). Après plusieurs tractations en vain, nous sommes obligés de passer la nuit dans l’aéroport.
Le lendemain après une nuit horrible, je rencontre Gorgui Dieng qui dit qu’il va chercher un billet pour rentrer à Dakar, alors je convoque tous les joueurs et leur dit que je comprends leur frustration et que je serais de leur côté quel que soit le choix qu’ils allaient faire mais j’aurais souhaité qu’ils prennent une décision unanime car si l’équipe était divisée, je ne saurais de quelle partie me ranger. Le groupe décide alors qu’il voulait rentrer à Dakar et certains sont allés chercher des billets pour rentrer. Au moment où certains fédéraux cherchaient à trouver une solution en calmant les joueurs, le directeur technique Moustapha Gaye comme à son habitude, commence à exploser en traitant les joueurs de suiveurs d’ordre de deux personnes allant jusqu’à dire que même Maurice Ndour (son ennemi juré qu’il voulait me faire renvoyer de la sélection sous menace de partir lui-même) n’a jamais fait ce que Gorgui venait de faire.
En ce moment après la décision des joueurs, sauf Jean Jacques Boissy et Babacar Sané, de retourner á Dakar, Youssou Ndoye se retourne et dit à certains joueurs que j’ai dit que si j’avais cinq joueurs, j’allais partir à Alexandrie pour jouer. Malick Dime a eu l’intelligence de le dire à Gorgui qui lui dit que je n’étais pas un hypocrite; alors Malick Dimé m’appelle pour confronter Youssou qui nie les faits. Après un appel téléphonique avec le président (de la Fédération), lui-même va me supplier de convaincre les joueurs de partir pour sauver le Sénégal d’une sanction de la FIBA, mais aussi pour sauver la fédération car si on rentrait à Dakar, soutien-t-il, ils seraient tous renvoyés, et je précise que ce sont là ses propres mots.
Alors, j’appelle les joueurs pour leur dire que le président a raison sur une chose, bien que nous sommes tous frustrés, je ne veux pas que nous soyons la génération qui aurait empêché aux jeunes joueurs d’avoir la chance de participer à des tournois internationaux. Je demande aux joueurs de prendre le vol et une fois à Alexandrie, nous ferons une réunion pour faire l’état de toutes nos préoccupations que nous transmettrons à la Fédération. Je leur avais aussi dit que les décisions prises lors de cette réunion serait rendues publiques. Presque tout le monde accepte, sauf Gorgui qui (heureusement) n’a pas pu trouver de vol pour retourner à Dakar. Arrivé á Alexandrie la réunion se tient comme prévu avec la présence de Malèye Ndoye (manager général).
Donc la tenue de cette réunion n’était pas un secret. Chaque joueur donne ses conditions pour revenir en équipe nationale. Durant les discussions, je prenais des notes sur mon ordinateur avec un écran géant pour que tout le monde puisse voir ce que je notais. A la fin de la réunion, tous les joueurs sans exception approuvent le document. Je décide ainsi que je vais l’imprimer, le faire signer et le remettre moi -même au président de la fédération et le rendre publique. Mon assistant Pabi Guèye arrive le lendemain, je lui montre le document, il me dit qu’il n’était pas sûr ; alors je lui conseille de ne pas mettre son nom car la fédération pourrait lui faire mal.
Le jour du dernier match contre le Kenya, Gorgui me dit que le président sait tout le contenu du document. Je lui demande qu’est-ce qu’on en fait, il me dit de le signer et le lui remettre, qu’il allait le faire signer aux joueurs et le donner à Tapha Gaye. N’étant pas convaincu, j’appelle Youssou Ndoye dans ma chambre en présence de mon assistant « Pabi » et lui demande quoi faire avec le document, il me dit qu’il ne va pas signer parce qu’il va quitter le sélection. Je lui demande pourquoi, il me dit qu’il croit que je ne l’aime pas. Alors on a eu une discussion franche et je lui ai expliqué pourquoi il ne jouait pas beaucoup.
Partant de ces deux situations, je décide de geler le document et en fait part aux autres joueurs comme Malik Dimé et Cheikh Bamba Diallo.»