C’est connu : le président de la CAF Patrice Motsepe est un « pion » de la Fédération internationale de football (FIFA). Mais sur la question de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2021 au Cameroun, le Sud-africain ne suit pas les directives de son mentor Gianni Infantino.
L’heure de la révolution a sonné. C’est le moment pour l’Afrique de sortir du joug impérialiste, qui se perpétue même dans le sport. Après avoir choisi un président pour notre Confédération de football (mars dernier), on veut décider de quand, comment et où la plus prestigieuse compétition du continent doit se jouer. Cela explique les supputations sur la tenue de la 33ème édition de la CAN, prévue au Cameroun (9 janvier au 6 février 2022). Elle devait avoir lieu dans le courant de cette année finissante, mais la propagation du Covid-19 avait imposé un report.
Un autre renvoi planait dans l’air. Cette fois, c’est le souhait du président de la FIFA, Gianni Infantino. Le patron « tout-puissant » du football mondial s’est même permis de convoquer le comité exécutif de la CAF à Doha (Qatar) pour un conclave sur la question, dimanche dernier. A cette occasion, il a affiché clairement sa position : une annulation purement et simplement de l’évènement. « L’incertitude concernant les infrastructures, la dégradation de la situation sanitaire avec l’émergence du variant Omicron en Afrique australe », avance-t-il comme arguments.
En plus, l’Italo-Suisse accorde plus de crédit aux équipes européennes (anglaises en particulier) réticentes à libérer leurs joueurs en hiver. Ainsi qu’à la Coupe du Monde des Clubs (3 au 12 février), parce que « Chelsea (champion d’Europe) et AL-Ahly (champion d’Afrique) craignent que certains joueurs, retenus, ne soient pas disponibles pour la disputer ». Autrement dit, comme la CAN a moins d’impact sur les plans sportif et financier, elle peut attendre. Elle doit laisser la place pour décongestionner le calendrier. Sauf que le « filleul » de Gianni Infantino en l’occurrence Patrice Motsepe, président de la CAF, se démarque de ce jeu mesquin.
Pour avoir voté contre le report du banquet du football continental. Avant d’évacuer les doutes : « Je serai là avec toute mon équipe pour le coup d’envoi le 9 janvier prochain. Les Africains doivent croire en eux-mêmes et arrêter d’être trop durs envers eux. Je viendrai en compagnie de ma femme et mes enfants dès le 7 janvier, puisque maintenant nous sommes tous des Camerounais », a lancé Motsepe, ce lundi au sortir d’une inspection du stade d’Olembe où doivent se jouer le match inaugural et la finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2021.
Déjà à son arrivée à Yaoundé, le Sud-africain soulignait : « Nous sommes très clairs en termes d’engagement de faire de la CAN au Cameroun un grand succès. Je suis convaincu qu’après nos rencontres d’aujourd’hui (lundi) et demain (ce mardi), nous pourrons venir vers les médias pour révéler à l’Afrique et au monde la confiance que nous avons à travers la reconnaissance envers notre peuple, au pays hôte et la détermination pour le développement de notre football ». C’est donc clair. A moins qu’il y ait un revirement de dernière minute, car il doit une dette de gratitude à son « parrain ».
Et Gianni Infantino tient à faire passer la périodicité de la CAN de 2 à 4 ans. Repousser cette édition 33ème édition en 2023 serait une excellente transition. Dans ce dessein, il ne faudra pas compter sur la fédération camerounaise de football et son nouveau président Samuel Eto’o Fils « qui défendront avec la dernière énergie l’organisation de la CAN cette année ». L’ancien capitaine des Lions Indomptables affirme dans l’entretien accordé à Canal+ : « Pourquoi elle n’aura pas lieu ? Ce n’est pas responsable cette façon de faire ou de vouloir faire… Il n’y a aucune excuse pour la reporter ».
Avant de souligner : « Si l’Euro s’est déroulée alors que nous étions en plein dans la pandémie avec des stades combles. Pourquoi la CAN ne jouera pas ? Qu’on me donne une seule raison valable. Ou alors, on est en train de nous dire, comme on nous a toujours traités, que nous sommes des moins que rien. Donc nous devons subir. Qu’on nous dise clairement les choses. Et le plus difficile dans ça, c’est que certains Africains sont encore complices ». La rencontre entre Patrice Motsepe et le chef de l’État camerounais Paul Biya, ce mardi, devrait mettre fin à cette machination autour de la CAN.