Le président de l’Académie marocaine de coaching mental et sportif, Dr Zakaria Benomar Farès, est catégorique : le management autoritaire d’un entraîneur peut être un frein à l’épanouissement du joueur sur le terrain.
Le style de coaching autoritaire peut-il impacter négativement sur le mental des joueurs ?
Exactement, parce qu’on parle des habilités facilitatrices dont la communication et le leadership. Il y a des entraineurs qui ont un style qui ne correspond pas avec le management de leurs joueurs. Parfois, ils sont autoritaires avec tout le monde. Et là, ça ne marche. Car, le style doit être adapté à chaque type de joueur ou à sa personnalité. C’est comme ça qu’on réussit à créer la motivation à l’intérieur de l’équipe. Autrement, avoir le même comportement avec tous les joueurs, cela est voué à l’échec.
Donc ça peut être à l’origine de la contre-performance d’une équipe…
Bien sûr que cela peut avoir des conséquences. Tout d’abord le refus des joueurs de continuer avec le même entraîneur, le sabotage en interne et le fait d’en parler au président de l’équipe pour essayer de provoquer son limogeage. Il y a aussi que l’entraîneur va avoir beaucoup de besognes. Au lieu de s’intéresser aux aspects et piliers de l’entraînement, il sera toujours dans le stress et l’énervement. A la longue, il va perdre le plaisir tout comme l’amour du métier.
Dans ce cas, la présence d’un coach mental devient nécessaire…
Je peux dire que le métier d’entraîneur a évolué ainsi que tout le système sportif. Actuellement, au sein des staffs techniques des clubs qui se respectent, on trouve la place du coach mental. D’ailleurs, lors du Mondial au Brésil (en 2014), sur les 32 sélections nationales participantes, il y a 29 qui avaient un coach mental. Et les trois, qui n’en disposaient pas, étaient de l’Afrique. Aujourd’hui, il est incontournable parce que c’est le confident des acteurs de l’équipe, le trait d’union pour rapprocher les uns des autres.
Même en dehors du cadre sportif ?
Parfois, il y a des choses qu’un joueur ne peut pas dire à l’entraîneur de peur d’être écarté ou chahuté. Mais avec le coach mental, il peut ouvrir son cœur pour dire ses vérités, les choses qui lui font mal. Et ce dernier à l’art et la manière de tout transmettre à l’entraîneur principal sans porter atteinte à la dignité et à la crédibilité du joueur.
Quand on est un entraineur autoritaire est-il facile d’accepter la collaboration avec un préparateur mental ?
Un entraineur, qui a un style de management autoritaire, a lui-même besoin d’un préparateur mental. Parce que le coaching mental ce n’est pas uniquement pour les joueurs. Il peut dans une équipe être utile pour le staff technique, le comité (administratif) et le président. C’est quelque chose dont on a besoin, qui est nécessaire pour l’avancement et la performance. Car la manière de communiquer des dirigeants ou de l’entraineur avec les joueurs peut altérer la bonne marche de l’équipe.