L’ancien meneur des Lions du basketball Kabir Pène, nouveau manager général de SEED (Sport for Education and Economic Development), annonce de grandes perspectives avec un projet innovant et un modèle économique viable. Entretien.
SEED Project organise cette semaine son 20ème « Hoop Forum ». Pouvez-vous revenir sur l’importance de cet évènement ?
Ce « Hoop Forum » est d’une importance capitale, parce que notre pays et même notre continent ont besoin de mettre en lumière tout ce qui tourne autour de l’écosystème du sport. Cela va donc au-delà de l’activité sportive. Ça touche l’économie, la culture… Et puis partager la vision ainsi que les expériences.
Quelles sont les innovations pour cette édition 2022 ?
Il y a beaucoup d’innovations. Déjà hier (entretien réalisé jeudi), nous avons travaillé sur la sauvegarde de l’enfance. Pour SEED, c’est la base. Et tout a été mis en place avec des experts. Il y a aussi le fait de susciter le débat sur l’économie du sport pour notre continent. Nous avons le programme SEED Rise avec les jeunes. Il est axé sur les valeurs par l’apprentissage du jeu. Les gens découvriront tout ce qu’on a pu développer au niveau de la structure comme son extension qui tenait à cœur le fondateur Amadou Gallo Fall. Nous étions récemment en Tanzanie pour implanter le SEED Rise. Là, nous sommes sur des projets au Sénégal et dans la zone Ouest africaine.
« Un projet innovant à Sandiara de 9.2 milliards F CFA »
Tout cela demande aussi d’avoir des techniciens bien outillés ?
C’est fondamental. Il s’agit d’un volet important que nous mettons au premier plan en s’appuyant sur l’expertise et l’expérience de notre directeur technique Ousmane Pouye Faye (ancienne gloire du basketball sénégalais). Et nous voyons les résultats. Le coach Samba Fall que nous avions envoyé pour une formation de deux mois à Utah Jazz est revenu avec un capital connaissances, qui participe à la transformation de nos jeunes pensionnaires. Cela fait que lors du dernier camp FIBA l’un d’eux en l’occurrence Mamadou Thiam a été le MVP (meilleur joueur). Un autre (Abdoul Aziz Yadd) figurait dans le « 5 majeur ». Donc le travail paye, même au-delà de l’aspect basketball.
Ça veut dire quoi ?
Il y a aussi l’aspect scolaire. Cette année, nous obtenu d’excellents résultats : 9 candidats sur 10 ont réussi au Bac d’office et 8 candidats sur 9 ont passé avec succès le BFEM. Cela veut dire de façon holistique qu’un travail de fond est en train de se faire. Il est important d’avoir des bases solides par rapport aux projets du président Amadou Gallo Fall. Comme celui de Sandiara (localité dans le département de Mbour) qui est innovant avec une pluralité de disciplines sportives. Ça va se faire sur un espace de 12 hectares pour un investissement de 14 millions d’euros (9.2 milliards F CFA). Sous peu, on va encore entendre parler de SEED sous une dimension extraordinaire. Parce que nous nous sommes inspirés de ce qui se fait à l’INSEPS de Paris. Ce sera quelque chose d’incroyable pour notre pays et le continent africain.
« SEED ne changera jamais d’orientation. Notre modèle est différent de tous les autres »
On connaissait SEED comme étant une structure à vocation non lucratif. Est-ce qu’il va changer d’orientation ?
Nous gardons toujours l’orientation initiale. C’est vrai que le modèle de SEED est différent de tous les autres. Il est important de dire. Au niveau du football, on a plusieurs mécanismes comme les indemnités de transferts. Ce qui n’est pas le cas au basketball. Tous les joueurs qui sont sortis de SEED n’ont rapporté aucun franc. Là, il faut s’adapter. L’investissement, c’est sur fond propre de Amadou Gallo Fall et de ses amis. Maintenant, nos nouveaux projets vont favoriser la mise en place d’une économie avec de l’effet induit. C’est-à-dire que le campus va générer en terme de bénéfice à travers la location, l’organisations d’évènements avec certains partenaires des ressources nous permettant de mieux se structurer… En claire, pour répondre à la question, SEED ne changera jamais d’orientation. C’est l’essence de son existence.
Mais vous aspirez à être moins dépendant des mécènes…
Rien ne nous empêche de créer de l’économie. Cependant, la différence entre une économie privée avec une entreprise et une économie à but non lucratif, c’est la distribution des bénéfices. Alors que ce qu’on gagne, on peut le réinvestir dans l’écosystème. Ça s’est un modèle vertueux que nous avons. Cela existe ailleurs dans le monde. Donc pourquoi pas au Sénégal ? Il ne faut pas qu’on se dise que seuls les projets privés doivent réussir. On peut créer un modèle et c’est notre ambition. Nous avons les capacités intellectuelles de nous réinventer, de faire ce qui se fait le mieux dans le monde. Nous étions partis, nous sommes revenus pays. Le moment est venu de mettre en branle tout ce que nous avons appris.