Ancien international sénégalais et membre de la génération Bocandé, parmi les meilleurs latéraux de son époque, passé par la Seib de Diourbel, l’Olympique de Marseille, le Stade Malherbe de Caen et les Etats-Unis où il a fini sa carrière à la fin des années 90, Pape Fall, entraineur professionnel de haut niveau, analyse exclusivement pour Diantbi.com le tirage au sort de la CAN Cameroun 2021 et se projette sur la compétition. Entretien.
Propos recueillis par Ousseynou Diallo
Pape Fall, quelle analyse faites vous de ce tirage au sort de la CAN Cameroun 2021 qui place le Sénégal dans la même poule que le Zimbabwe, la Guinée et le Malawi?
C’est un groupe ouvert même si le Sénégal de par sa réputation, sa position (première équipe africaine au classement FIFA, Ndlr) et la qualité de ses joueurs part favori de cette poule. A première vue, le tirage est clément avec tout le respect qu’on doit à la Guinée, le Zimbabwe et le Malawi. Mais, si on ne respecte pas ces équipes, on risque d’avoir des surprises. Le match d’ouverture contre une belle équipe zimbabwéenne promet du spectacle.
Peut-on parler de poule facile ?
Tout dépendra de la manière dont les Lions aborderont ces matchs. C’est à eux de se faciliter les choses. La Guinée a des arguments comme le Zimbabwe avec des individualités comme Tino Kadewere, qui évolue à Lyon (France), Marvelous Nakamba, le milieu d’Aston Villa (Angleterre) et Marshall Munetsi, le milieu défensif de Reims. Il ne faut sous estimer personne.
D’aucuns pensent que sauf erreur de parcours, le Sénégal doit aller au moins en demi-finale ?
Aller en demi-finale n’est pas une question de paroles. Il faut des actes forts, un engagement, une grande envie et de la détermination. Le mental aura son importance durant cette compétition. Il ne faut rien anticiper : il faudra prendre les matchs un par un et jouer sur nos forces.
Est-ce que le Sénégal est le grand favori de cette Can 2021 ?
Présenter le Sénégal comme le grand favori, c’est trop dire. Il y a des équipes comme l’Algérie, le Nigéria, le Maroc, la Côte d’Ivoire, avec cette belle équipe présente aux JO de Tokyo, qui auront leur mot à dire. La vérité se trouve sur le terrain. Une somme d’individualités ou de noms ne font pas une équipe. Tout se jouera sur l’état d’esprit et l’intelligence collectif. Seul un groupe soudé permettra aux Lions d’aller loin dans cette CAN.
L’Algérie a battu le Sénégal en 2019 en finale de Can. Peut-elle rééditer l’exploit ?
L’Algérie, à travers les éliminatoires à cette CAN, a montré la couleur. Il faudra compter sur eux mais une grande compétition comme la Can peut nous réserver des surprises. Cependant, les Algériens ont pris un ascendant psychologique de par leur statut et la qualité de leurs matchs fournis lors des éliminatoires.
Que pensez-vous du pays organisateur le Cameroun ?
Le Cameroun présente l’avantage d’organiser cette CAN mais les Lions indomptables auront une énorme pression sur leurs épaules. Avec le soucis de ne pas bien faire et de passer à côté. D’habitude, les Camerounais sont des joueurs avec un gros mental. Le sentiment d’appartenance vis à vis de leur peuple est très fort. Je crois qu’il faut compter sur eux surtout que des icônes comme Roger Milla, Rigobert Song, Samuel Eto’o vont leur rappeler cette fierté d’appartenance importante et leur diront de penser au peuple camerounais.
Aliou Cissé, le sélectionneur des Lions, a en mains un groupe fort intéressant. Que lui manque-t-il selon vous pour amener la bande à Sadio Mané au bout ?
A travers son discours, les joueurs doivent s’approprier son projet. Tout le monde doit s’impliquer à fond. L’enjeu n’existe pas, il n’y a que du jeu. Il faut faire en sorte que les joueurs se transcendent, prennent du plaisir et sachent que, sans prise de risques, il leur sera impossible de bien jouer au foot. L’aspect mental et la foi auront leur importance. Faudra jouer et lâcher les chevaux. L’équipe la plus endurante gagnera cette CAN d’où l’importance de la préparation et de la logistique. Il faudra que le noyau dur de cette sélection se surpasse à l’image du gardien Edouard Mendy, Sadio Mané en passant par Kalidou Koulibaly. Le groupe n’a pas le droit d’être contre performant sur les plans physique, mental et athlétique. Il faut qu’on soit costaud dans ces domaines. Une CAN se gagne au niveau mental.