Pour une réorganisation du mouvement navétanes au Sénégal (football de masse et activités culturelles), le patron de la DER /FJ Pape Amadou Sarr dégage des pistes concrètes.
Les incidents du stade Ngalandou Diouf de Rufisque, ayant occasionné des dégâts matériels et un décès (garçon de 12 ans) lors d’une demi-finale de la zone 3B, ont résonné au plus haut niveau de l’État du Sénégal. En Conseil des ministres de la semaine dernière, le Président Macky Sall avait demandé au ministre des Sports « de prendre les mesures conservatoires nécessaires à la maîtrise systématique du calendrier et de la durée des navétanes (championnat national populaire de football et culturel) ». Mieux, il a préconisé une réorganisation du mouvement.
Dans ce dessein, la Délégation Générale à l’Entrepreneuriat Rapide pour les Femmes et les Jeunes (DER/FJ) – outil novateur, gage d’inclusion économique, financière, sociale – peut avoir un rôle à jouer pour l’élaboration d’une stratégie qui vise à rendre sain le milieu afin de circonscrire la violence au niveau des espaces de compétitions. Surtout que cette institution accompagne l’ONCAV (instance dirigeante nationale des navétanes) pour la concrétisation du programme « une ASC, un emploi » lancé l’année dernière. Et une enveloppe de 500 millions F CFA a été mobilisée.
Ce financement devait servir à la mise en place de 89 mini-boulangeries ainsi que 11 fermes agricoles. Une contribution importante en perspective d’une refonte du mouvement. Nonobstant, le patron de la DER Pape Amadou Sarr croit qu’il y a encore mieux à faire et dégage des pistes : « Il faudrait que le sport soit allié à l’utile et aux études. Voir dans quelle mesure les jeunes, qui pratiquent les navétanes, puissent en même temps s’adonner à des activités citoyennes. Il y a le cleaning day qui a repris, on peut, le matin, nettoyer son quartier, le stade, les prisons… et l’après-midi aller jouer au foot », dit-il sur la RFM.
Avant de poursuivre : « Cela va permettre de rendre un service à la communauté, à la nation. Comme le service militaire n’est pas une obligation, on doit au moins instaurer un service civique obligatoire pour certains jeunes de 18 à 25 ans et moyennant une rémunération en plus d’une médaille d’honneur ». A l’en croire, il peut avoir un lien entre la violence et la précarité, la pauvreté, le banditisme ou l’absence d’occupation. Mais, « la fin ne justifie pas les moyens. D’autant plus que tous ces jeunes ont la possibilité de trouver du travail dans leurs localités ».
Pour preuve : « Depuis trois ans, nous arpentons le territoire sénégalais. Les jeunes, qui veulent travailler dans l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat et ne font pas de choix entre les métiers, ont du boulot », souligne le ministre délégué Pape Amadou Sarr. Avant de rappeler que « plus de 200 000 jeunes, venant des universités, entrent chaque année dans le marché de l’emploi, sans compter les apprentis (du secteur informel) et ceux qui n’ont pas fait l’école. Donc, c’est près de 300 000 qui veulent travailler. Même si l’État créait 100 000 ou 50 000 emplois par an, le problème reste entier ».
Et d’insister : « Le gouvernement ne peut pas éradiquer totalement le chômage. La DER est en train de l’essayer avec le programme d’urgence pour l’emploi des jeunes, ce n’est pas soutenable pour les finances publiques. Dans aucun pays au monde, l’État central ou délocalisé n’a pas les moyens de le faire. L’emploi se génère à travers des activités économiques que rend possible le privé ». Pour Mr Sarr, la violence, qui existe aujourd’hui dans les stades et aux alentours, ne peut être justifiée par un manque d’emploi. « Ce qu’on voit, c’est du banditisme et ce n’est pas acceptable ».