Un projet majeur de l’Etat du Sénégal qui tarde à voir le jour. Voilà plus de 40 ans qu’on en parle, mais le Mémorial de Gorée et son complexe culturel peinent à sortir de terre. Un rêve que le Président Macky Sall veut traduire en réalité et promet pour bientôt le début des travaux de construction.
Il y a 46 ans (en 1975) que le projet architectural du Mémorial de Gorée est lancé par des artistes, intellectuels et écrivains noirs du monde. Une initiative appuyée par l’Etat du Sénégal et le Conseil exécutif de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture). Depuis, la matérialisation de cette édifice, devant contribuer à la sauvegarde de l’île symbole de la traite négrière, a posé un gros problème.
D’ailleurs, le concours d’architecture n’avait été annoncé par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) que 13 ans après (1988) et officialisé par le gouvernement sénégalais en 1996. « C’était placé sous le contrôle de l’UNESCO et de l’UIA (Union Internationale des Architectes) ». Et un an plus tard, le nom du concepteur du monument ainsi que du complexe culturel est connu : l’italien Ottavio Di Blasi. Sa proposition met en exergue « un village africain victime d’une tragédie ».
« Il est composé de deux parties qui symbolisent d’une part ceux qui ont été déportés (la diaspora) à travers la mer et, de l’autre, la terre natale représentant ceux qui sont restés en Afrique. Au milieu de ce village, il existe une fracture. C’est du centre de cette blessure que s’élève le mémorial à proprement parler » expliquait l’architecte. Mais tout cela n’est bâti (jusqu’à présent) que dans l’imaginaire des Sénégalais, des peuples du continent et du monde.
En effet, il n’y a jamais rien eu de concret. Le Mémorial de Gorée n’existait que sur les documents de l’administration publique et les brochures. Avant que le Président Macky Sall décide d’en faire une réalité en décembre 2018. Réaliser un vieux rêve. La décision était actée en Conseil des ministres puis réaffirmée (en 2019) à la tribune des Nations Unies à New-York (Etats-Unis). A cette occasion, on annonce le démarrage des travaux pour 2020
Au bout d’une année, la Corniche ouest de Dakar où doit être érigée l’infrastructure attend toujours pour la pose de la première pierre. Ce qui ne devrait pas tarder selon la présidence qui, à travers son site officiel, informe : « Les travaux du Mémorial de Gorée vont démarrer très prochainement. Son Excellence Macky Sall a reçu le mardi 18 août 2021 l’architecte conseil venu spécialement d’Italie pour lui présenter les études de faisabilité technique ».
La même source indique que « la concrétisation de ce projet est une préoccupation majeure du chef de l’Etat. Au-delà de sa dimension culturelle, il aura un impact économique important avec plus de 1000 emplois en vue ». L’inauguration est même prévue dans le courant de 2023. Vivement ce jour vu l’importance de ce « projet international transversal et multidimensionnel prêt à être un futur site de Conscience universel », selon Amadou Lamine Sall commissaire général à sa réalisation.
A en croire ce dernier, « les approches statistiques et les projections chiffrées laissent dire que le complexe du Mémorial de Corée va générer entre 2 à 3 milliards de FCFA par an, durant les premières années avec un flux touristique de près de 800 mille personnes (…) Au regard de son envergure, il touche à l’économie créative, au marché du tourisme et à celui des biens et services culturels ». En plus de donner à la Corniche un nouveau décor et d’en faire un lieu d’attraction.
Car le Mémorial de Gorée, « c’est également son musée sur l’esclavage, son esplanade géant donnant sur la mer, sa bibliothèque, ses multiples salles polyvalentes, sa salle de cinéma, son planétarium, sa salle de conférence, son balcon aérien culminant à 75 mètres d’altitude au-dessus de la ville que deux ascenseurs panoramiques de part et d’autre desservent, ses restaurants, ses cafés, son parc paysager, ses jardins, son pont aérien qui enjambe l’avenue Martin Luther King pour le relier à la Médina, ses parkings, et le nouvel embarcadère de Corée et de l’île des Madeleines » écrit Amadou Lamine Sall.
Espérons que, pour bientôt, ce sera la fin du rêve. La réalité de la fiction.